Londres (awp/afp) - Barclays a annoncé jeudi être revenue dans le vert en 2016, grâce à la réduction de ses provisions liées à un scandale d'assurance-crédit, sur fond d'activité solide au Royaume-Uni depuis le vote en faveur du Brexit.

En 2016, la banque a dégagé un bénéfice net de 1,623 milliard de livres (1,92 milliard d'euros) contre une perte nette de 394 millions en 2015. Elle n'a enregistré l'an passé "que" un milliard de livres supplémentaires de provisions pour faire face aux demandes d'indemnisations liées au scandale des PPI contre 2,77 milliards en 2015.

Ces assurance-crédit étaient destinées à soutenir les emprunteurs qui se retrouveraient dans l'incapacité de rembourser un prêt ou de faire face aux échéances liées à leur carte de crédit. Mais dans les années 2000, il est apparu que ces PPI, vendues massivement au Royaume-Uni durant la décennie précédente, comportaient des clauses cachées faisant que l'emprunteur ne pouvait en bénéficier lorsqu'il en avait besoin.

Barclays a, comme les autres banques britanniques, dû provisionner dans ses comptes des sommes colossales ces dernières années pour faire face aux demandes d'indemnisations, aux diverses pénalités et aux frais de procédure engendrées par ce vaste scandale.

Elle a indiqué avoir intégré 8,44 milliards de livres de provision (10 milliards d'euros au taux de change actuel) depuis l'éclatement de l'affaire, mais les sommes mises de côté ont notablement baissé l'an passé.

La banque n'a en outre provisionné l'année dernière aucune somme pour faire face à d'autres enquêtes pour mauvaises conduites, alors qu'elle avait enregistré plus d'un milliard de livres dans ses comptes en 2015 face à de futures demandes de redressements, notamment vis-à-vis d'enquêtes ouvertes aux Etats-Unis pour des manipulations sur le marché des changes.

Elle a aussi souligné avancer dans la réduction de ses actifs risqués et non prioritaires, au point de pouvoir annoncer qu'elle fermerait son unité dédiée à cette tâche dès le 30 juin, soit six mois avant la date prévue.

- Ancrage londonien -

Sur le plan de son activité proprement dite, le produit net bancaire de Barclays a diminué de 6%, à 19,1 milliards de livres (22,6 milliards d'euros), notamment du fait d'une hausse de ses coûts du crédit.

Ses revenus ont été relativement solides dans la banque d'investissement internationale ainsi que dans ses diverses activités bancaires au Royaume-Uni, où l'activité économique générale "se tient bien" depuis la décision des Britanniques de quitter l'UE par référendum le 23 juin, s'est félicité le directeur général de Barclays, Jes Staley, lors d'une conférence téléphonique.

Depuis l'arrivée de M. Staley en décembre 2015, Barclays a approfondi son processus de simplification et de concentration sur ses points forts, notamment au Royaume-Uni où la banque tient une place majeure dans la banque de détail et pour les entreprises.

Via son siège dans le quartier d'affaires londonien de Canary Wharf, Barclays supervise en outre ses activités de banque d'investissement, très prégnante aussi à New York, deux centres financiers mondiaux autour desquels la banque intensifie son recentrage depuis l'an passé.

Interrogé sur de possibles délocalisations d'activités depuis Londres ailleurs en Europe à cause du Brexit, M. Staley a assuré croire que la capitale britannique resterait le centre financier majeur du continent même après la sortie du pays de l'UE.

Il a rappelé néanmoins que Barclays disposait d'importants établissements en Allemagne, notamment dans son activité de carte de crédit, ainsi qu'une filiale en Irlande dédiée aux activités envers les entreprises.

"Nous travaillons à des plans de secours, nous serons prêts, mais nous n'avons pris aucune décision concernant un mouvement important", a-t-il souligné, laissant entendre que tout déplacement de personnel hors de Londres serait négligeable.

Mardi, sa concurrente HSBC avait au contraire confirmé qu'elle allait déplacer un millier d'emplois depuis Londres vers Paris, dont la moitié concerneront des Français, dans les deux années qui viennent en fonction des négociations autour du Brexit.

afp/rp