Les bénéfices de l'ouverture

Rapport sur le produit intérieur brut (PIB) romand, 11 octobre 2022

PIB ROMAND 2022

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INTRODUCTION

Un indicateur essentiel

Le produit intérieur brut (PIB) est la mesure la plus communément utilisée pour exprimer le dynamisme économique d'un pays ou d'une région. Ce chiffre permet une analyse de l'évolution dans le temps et une comparaison des régions entre elles; il peut aussi faire l'objet de prévisions. Le PIB est donc un outil précieux de mesure et d'aide à la planification pour les entreprises et les collectivités publiques.

En Suisse, le Secrétariat d'État à l'économie (SECO) et l'Office fédéral de la statistique (OFS) publient un PIB pour l'ensemble du pays. L'OFS publie également des estimations des PIB cantonaux, qui ne donnent toutefois qu'un aperçu limité de l'évolution au sein des secteurs d'activité et ne couvrent

  • l'heure actuelle que les années 2008 à 2019. Pour sa part, le PIB romand comprend des valeurs historiques qui remontent jusqu'à 1997, une mesure de l'activité dans treize groupes de branches ainsi que des prévisions pour l'année en cours et la suivante. Il est publié depuis 2008 par les banques cantonales des six cantons romands, en collaboration avec le Forum des 100. Le PIB romand est calculé selon une méthode rigoureuse et transparente par l'Institut CREA d'économie appliquée de la Faculté des HEC de l'Université de Lausanne.

Le PIB romand pour 2021 et les années précédentes ainsi que les prévisions pour 2022 et pour 2023 ont été calculés en septembre 2022. En voici les points essentiels:

En 2021, la Suisse romande a affiché

  • un rebond du PIB de 4,8% en termes réels (corrigés de l'inflation) après la récession de 2020 due à la crise du Covid-19
  • une hausse de son PIB plus dynamique que celle de l'ensemble de la Suisse (+3,9%)
  • une reprise plus forte qu'anticipé une année plus tôt
  • un PIB qui est repassé au-dessus de son niveau d'avant-crise

En 2022, le PIB de la Suisse romande devrait

  • continuer de progresser à un rythme de 2,5%
  • augmenter moins que prévu une année plus tôt dans un environnement marqué par des incertitudes
  • afficher une hausse plus élev ée que le PIB suisse (2,0%)

En 2023, le PIB de la Suisse romande devrait

  • progresser de 1,1%
  • afficher un rythme de croissance similaire au PIB suisse (+1,1%)

Dans le texte et les graphiques de ce document, la source des données relatives au PIB romand, aux PIB cantonaux et à la valeur ajoutée des branches est l'Institut CREA. Les données relatives à la croissance suisse proviennent du SECO et de l'OFS. Pour mieux rendre compte de l'évolution de la conjoncture, les données utilisées ont été épurées des effets des grands événements sportifs internationaux (droits de retransmission, droits de licence), inclus dans le PIB suisse pour des raisons comptables mais sans effet sur la conjoncture. L'analyse de l'évolution à long terme du PIB et de l'emploi en fonction des domaines d'activité dans les régions suisses se base sur les données du SECO et de l'OFS, complétées par celles du CREA. Les données comparables pour d'autres économies proviennent d'Eurostat, de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et du Fonds monétaire international (FMI). Les statistiques sur le commerce extérieur proviennent de l'Office fédéral des douanes et de la sécurité aux frontières (OFDF).

PIB ROMAND 2022

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LES PRINCIPAUX

La conjoncture subit des chocs à répétition

RÉSULTATS

Croissance réelle en

2021

2022*

2023*

Suisse romande

4,8%

2,5%

1,1%

*Prévisions

Suisse

3,9%

2,0%

1,1%

Zone euro

5,4%

2,6%

1,2%

Sources: CREA, SECO, FMI

Monde

6,1%

3,2%

2,9%

L'année 2021 s'est soldée par une reprise conjoncturelle plus vigoureuse que ce qui était anticipé. Dans la foulée, 2022 s'annonçait sous de bons auspices. Grâce aux progrès dans la lutte contre le Covid-19, le Conseil fédéral annonçait à la mi-février la levée des mesures de protection en Suisse. On en aurait presque oublié le retour de l'inflation, les perturbations des chaînes logistiques, le début de la remontée des taux d'intérêt et le tassement de la conjoncture mondiale. La situation s'est dégradée peu après avec la guerre en Ukraine, les sanctions contre la Russie, les risques de graves pénuries, notamment dans le domaine de l'énergie, la flambée des prix et des banques centrales qui resserrent leur politique monétaire dans l'urgence.

Les prévisions de croissance ont été revues à la baisse. En juillet, le FMI tablait sur une hausse du PIB mondial de 3,2% en 2022 et de 2,9% en 2023, alors qu'il estimait une croissance de respectivement 4,9% et 3,6% en automne 2021. Les économies industrialisées, telles que les États-Unis et la zone euro, sont les plus touchées. De plus, même s'il ne s'agit pas du scénario actuel, le risque de récession est présent dans de nombreux pays.

En ce qui concerne la Suisse romande, les dernières estimations de l'Institut CREA d'économie appliquée portent sur une croissance de 2,5% en 2022 et de 1,1% en 2023. Les prévisions publiées en automne 2021 tablaient encore sur une hausse de 4,2% du PIB romand en 2022 (pas de prévision disponible pour 2023). La comparaison avec la Suisse reste tendanciellement favorable pour la Suisse romande, avec des hausses du PIB de 2,0% cette année et de 1,1% l'an prochain attendues sur le plan national. Ces prévisions ont également été revues à la baisse.

La Suisse romande et le pays sont confrontés aux mêmes écueils que l'économie mondiale. Notamment, alors que l'inflation s'inscrivait à 0,6% en moyenne annuelle dans le pays en 2021, elle était remontée à 3,3% en septembre. Grâce à la force du franc, la situation était cependant moins tendue que dans d'autres pays: l'inflation s'inscrivait à 8,3% aux États-Unis en août ou à 10,0% dans la zone euro en septembre. Les taux d'intérêt sont aussi remontés et le franc a poursuivi son appréciation, le cours de l'euro passant de 1,03 franc à fin 2021 à 0,97 franc début octobre. Malgré cet environnement chahuté, la conjoncture restait robuste à l'heure d'écrire ces lignes. Certaines branches manquaient de main-d'œuvre et, à 4,0% en 2021 et à 2,9% en septembre, le taux de chômage en Suisse romande s'inscrivait en dessous de sa moyenne des dix dernières années.

Il n'en reste pas moins que le degré d'incertitude est élevé. Les risques de graves pénuries d'énergie et de récession sont également présents en Suisse romande et en Suisse. De plus, la pandémie de Covid-19 n'est pas terminée, comme le montrent de nouveaux confinements localisés en Chine ou la hausse du nombre de contaminations en Suisse. Un niveau d'endettement élevé est aussi de nature

  • freiner la conjoncture dans certains pays. Sur le plan suisse, d'autres facteurs de risque résident dans la poursuite de l'appréciation du franc, dans l'incertitude liée à l'évolution des relations avec l'Union européenne ou dans la mise en œuvre de l'impôt minimal mondial pour les entreprises.

Évolution comparée

5%

des PIB romand et suisse

(valeurs réelles)

4%

Suisse romande

Suisse

3%

*Prévisions

2%

1%

0%

-1%

-2%

-3%

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

2019

2020

2021

2022*

2023*

PIB ROMAND 2022

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Un quart de l'économie suisse

En termes réels (corrigés de l'inflation, aux prix de 2015), le PIB romand est passé de 169,9 milliards de francs en 2020 à 178,1 milliards en 2021 et, en données nominales, de 169,1 milliards à 179,6 milliards, selon les estimations établies par le CREA. La comparaison de la croissance romande avec celle de la Suisse est tendanciellement favorable depuis le début du siècle, même si l'écart s'était resserré après la crise économique et financière, entre 2012 et 2017.

Grâce à cette dynamique, la Suisse romande a augmenté son poids dans l'économie helvétique. La hausse n'est que de l'ordre du dixième ou du centième de point de pourcentage par année, mais la tendance est régulière. Sur dix ans, de 2012 à 2021, ce poids est passé de 23,9% à 24,6%. Durant cette période, le secteur primaire a vu sa valeur ajoutée se replier en Suisse romande (-1,1% en moyenne par an), comme sur le plan national (-1,5%). Dans le secondaire (+2,8%) et le tertiaire (+2,2%) romands, les taux de croissance annuels ont été supérieurs ou égaux à la moyenne nationale (+1,6% et +1,5%, respectivement).

Les économies romande et suisse ont des structures similaires: environ trois quarts de tertiaire, un

quart de secondaire et un pour cent de primaire. Il y a cependant des nuances: une industrie des machines et horlogère, des services publics et parapublics, ainsi qu'une branche du commerce un peu plus présents qu'en moyenne nationale. En revanche, le poids de la chimie-pharma et des services financiers est un peu plus bas que dans l'ensemble de la Suisse.

Décomposition sectorielle et par branche du PIB romand (valeurs moyennes 2012-2021

centre = branches, périphérie = secteurs)

Secteur primaire

0,9%

Secteur secondaire

23,7%

Alimentation, textile,

2,8%

cuir, bois, papier

Chimie, pharma, verre,

6,1%

caoutchouc, métallurgie

Machines, instruments,

7,9%

horlogerie

Production et distr.

1,8%

d'électricité et d'eau

Construction

5,0%

Secteur tertiaire

75,4%

Commerce de gros

16,3%

et de détail, réparations

Hôtellerie-restauration

2,0%

Transports, postes,

5,1%

télécoms, édition

Activités financières et

8,4%

assurances

Activités immobilières,

19,9%

services aux entreprises

Administration publique,

22,9%

santé, éducation, sports

Autres

0,8%

PIB ROMAND 2022

5

Une croissance reposant sur une large assise

Le retour de la croissance en 2021 a bénéficié à la quasi-totalité des branches. Fortement touchés en 2020 par les conséquences de la crise du Covid-19,l'hôtellerie-restauration, les transports et communications ou l'industrie des machines ont vu leur valeur ajoutée rebondir plus ou moins fortement. Le constat est le même pour des activités moins touchées, telles que les services aux entreprises et les activités immobilières, la construction ou le secteur public et parapublic. La chimie- pharma a également confirmé son dynamisme.

Le bilan 2022 s'annonce plus nuancé. La dégradation de la conjoncture mondiale ne sera pas sans effet sur certaines branches. Si les branches actives sur le marché domestique devraient être moins affectées, elles ressentiront néanmoins les effets de la hausse des prix et des taux d'intérêt, de la perturbation des chaînes logistiques et des difficultés d'approvisionnement. Pour l'hôtellerie-restauration, la levée des mesures de protection liées au Covid-19 et le retour des hôtes étrangers permettent une amélioration de la situation.

Les effets de la dégradation de la conjoncture mondiale devraient être plus visibles encore en 2023. L'économie romande devrait cependant se montrer robuste, grâce au soutien de contributeurs importants à sa croissance, tels que la chimie-pharma, le commerce de détail et de gros, les services aux entreprises et les activités immobilières ainsi que les services publics et parapublics.

Évolutions et tendances pour les principales branches

Évolutions sectorielles 2020

Tendances sectorielles 2021

Tendances sectorielles 2022

>2,5%

Machines, instruments, horlogerie…

Hôtellerie et restauration

Transports, postes et télécommunications,

Chimie, pharma, caoutchouc, verre,

Transports, postes et télécommunications,

édition

métallurgie…

édition

Secteur primaire

Activités financières et assurances

Machines, instruments, horlogerie…

Chimie, pharma, caoutchouc, verre,

Alimentation, textile, cuir, bois, papier

Secteur primaire

métallurgie…

Transports, postes et télécommunications,

Chimie, pharma, caoutchouc, verre,

Hôtellerie et restauration

édition

métallurgie…

Commerce de gros et de détail,

Administration publique, santé, éducation,

Administration publique, santé, éducation,

réparation…

sports...

sports...

Activités immobilières, services aux

entreprises…

1,6% à 2,5%

Construction

0,1% à 1,5%

Hôtellerie et restauration

Activités immobilières, services aux

Administration publique, santé, éducation,

entreprises…

sports...

Production et distribution d'électricité et

Activités immobilières, services aux

d'eau

entreprises…

Commerce de gros et de détail,

réparation…

<0%

Commerce de gros et de détail,

Activités financières et assurances

Construction

réparation…

Alimentation, textile, cuir, bois, papier

Activités financières et assurances

Production et distribution d'électricité et

Construction

Production et distribution d'électricité et

d'eau

d'eau

Secteur primaire

Machines, instruments, horlogerie…

Alimentation, textile, cuir, bois, papier

Source: CREA

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BCV - Banque Cantonale Vaudoise published this content on 10 October 2022 and is solely responsible for the information contained therein. Distributed by Public, unedited and unaltered, on 10 October 2022 09:31:05 UTC.