(Précisions, contexte sur l'affaire Monte Paschi)

par Naomi O'Leary

ROME, 25 janvier (Reuters) - Le scandale de la banque italienne Monte Paschi risque d'être préjudiciable à la coalition de gauche conduite par Pier Luigi Bersani, qui selon un sondage publié vendredi n'obtiendra pas de majorité au Sénat à l'issue des élections législatives des 24 et 25 février.

Le président du Conseil sortant, l'ancien commissaire européen Mario Monti avec lequel Bersani, numéro un du Parti démocrate (PD), devrait rechercher une alliance après le scrutin, pourrait également pâtir de cette affaire.

La banque Monte dei Paschi di Siena, la plus ancienne au monde, a révélé cette semaine qu'elle risquait d'accuser une perte de 720 millions d'euros sur des contrats de dérivés.

Le principal actionnaire de cette banque est une fondation caritative contrôlée par des hommes politiques du Parti démocrate.

Des élus de droite et d'extrême gauche ont mis en cause ces liens entre le PD et la banque et ont reproché à Mario Monti d'avoir utilisé l'argent des contribuables pour la sauver. (voir )

"Il y aura certainement un effet négatif sur le Parti démocrate", a déclaré vendredi le vice-président de l'institut de sondage SWG, Maurizio Pessato. "La question est de savoir si cet effet sera durable et profond."

"Quant à Monti, la majorité des Italiens le voient comme quelqu'un de très lié au monde de la finance. L'homme de la rue s'imaginera facilement qu'il est impliqué dans cette affaire", a-t-il ajouté.

A l'inverse, a poursuivi Maurizio Pessato, le scandale pourrait renforcer les positions des partis populistes comme la Ligue du Nord ou le Mouvement 5 Etoiles de l'humoriste Beppe Grillo qui a demandé la nationalisation de Monte Paschi.

"MONTI DOIT S'EXPLIQUER"

Selon un sondage Piepoli publié vendredi dans La Stampa, l'alliance qui rassemble le Parti démocrate et une petite formation classée plus à gauche, le parti SEL (Gauche, Ecologie et Liberté), obtiendra sans problème une majorité à la Chambre des députés mais la droite, emmenée par Silvio Berlusconi, sera en mesure de bloquer les travaux du Sénat.

Les 315 sénateurs sont élus sur une base régionale, proportionnellement à la population, et le sondage montre que la droite est en mesure de remporter la Sicile, la Lombardie et la Vénétie, des régions très peuplées.

Un tel cas de figure forcerait Pier Luigi Bersani à envisager une alliance avec la coalition centriste menée par Mario Monti, actuellement distancé dans les sondages.

En cette période de campagne électorale, plusieurs hommes politiques se sont empressés d'exploiter l'affaire Monte Paschi contre la gauche.

"Ça pue la magouille", a estimé le dirigeant de la Ligue du Nord Roberto Maroni, un allié de Berlusconi. "Monti a donné à Monte Paschi quatre milliards d'euros et il doit expliquer pourquoi (...) Il ne peut pas nier sa responsabilité dans ce désastre, responsabilité qu'il porte lui et lui seul", a ajouté le chef de la "Lega".

Monte Paschi a sollicité l'an dernier, alors que Monti dirigeait le gouvernement, une aide publique totale de 3,9 milliards d'euros.

Dans une interview à la radio, Mario Monti, dont la coalition centriste est en perte de vitesse dans les intentions de vote, a également cherché à utiliser le scandale contre le Parti démocrate, qu'il a jugé "impliqué dans cette affaire".

"Je ne suis pas ici pour attaquer Bersani (...) mais pour attaquer ce phénomène historique, moins fort ces dernières années, du mélange entre la politique et la banque", a-t-il toutefois ajouté.

Un sondage SWG publié mercredi montre que le centre gauche recueille 34,1% des intentions de vote, une légère hausse par rapport à la semaine précédente, et le centre droit 26,6%. Les centristes de Monti sont crédités de 12,8% des voix. (Julien Dury, Agathe Machecourt et Guy Kerivel pour le service français)