(Actualisé avec mise en examen à Sienne)

SIENNE, 30 janvier (Reuters) - La Consob, l'autorité italienne des marchés financiers, s'est à son tour défendue à l'instar du gouvernement et de la Banque d'Italie de toute négligence dans la surveillance du groupe bancaire Monte Paschi sous le coup d'enquêtes judiciaires pour des soupçons de corruption et de fraude comptable.

Le troisième groupe bancaire italien est au coeur d'un scandale sur des pertes de près de 720 millions d'euros sur des produits dérivés et des produits structurés qui soulèvent des questions de plus en plus pressantes sur de possibles actes de corruption par certains de ses représentants.

Les difficultés de la banque remontent au moins à 2008, l'année suivant son acquisition pour neuf milliards d'euros en cash d'Antonveneta, juste avant l'éclatement de la crise financière.

Des dirigeants de Monte Paschi sont accusés d'avoir utilisé des opérations sur dérivés pour masquer des pertes et leurs liens avec certains hommes politiques sont passés au crible sur fond de campagne électorale pour les législatives du mois prochain.

Le président de la Consob, Giuseppe Vegas, a déclaré au quotidien Il Messagero que l'autorité de surveillance n'avait aucune raison de suspecter de quelconques malversations au sein de la banque jusqu'en août 2011. La Consob avait alors été avertie anonymement de "transactions étranges avec des parties extérieure à l'établissement".

La Consob avait demandé des explications à Monte Paschi mais la banque lui avait caché des informations cruciales sur les liens entre l'une des opérations, connue sous le nom d'Alexandria, et son portefeuille d'obligation d'Etat italiennes lourdement affecté par la crise de la dette souveraine.

Les propos de Giuseppe Vegas font suite aux accusations portées par la nouvelle direction de Monte Paschi et par la Banque d'Italie à l'encontre des ex-dirigeants de l'établissement sur la dissimulation d'éléments de l'opération Alexandria conclue avec le japonais Nomura.

Les détails n'en ont été connus qu'en octobre 2012 lorsque les documents contractuels relatifs à cette opération ont été découverts dans un des coffres de Monte Paschi par les remplaçants de l'administrateur délégué Antonio Vigni et du président Giuseppe Massari qui ont quitté leurs fonctions l'année dernière.

Le ministre italien de l'Economie, Vittorio Grilli, a défendu mardi devant la commission des Finances du parlement la surveillance dont Monte Paschi a fait l'objet et la Banque d'Italie a rendu publiques les différentes mesures prises à l'encontre de l'établissement.

Pour le patron de la Consob, les propos du ministre concernaient aussi l'action de son institution.

"Clairement, ayant pris en compte toutes les circonstances, le ministre considère que la Consob a fait tout ce qui était en son pouvoir", a-t-il déclaré.

De source judiciaire, on apprenait mercredi que Monte Paschi avait été mise en examen par des juges basés à Sienne, dans le cadre d'une loi concernant la responsabilité d'une société vis-à-vis des délits commis par ses employés.

Le procureur de Sienne Tito Salerno a déclaré mercredi dans un communiqué que l'enquête concernait uniquement la précédente équipe de direction de l'établissement. (Silvia Aloisi, Marc Joanny et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)