Zurich (awp) - Le groupe Aryzta a réalisé au 1er trimestre de son exercice décalé 2016/17 (clos fin octobre) un chiffre d'affaires de 962,3 mio EUR, soit 3,3% de moins qu'à la même période un an plus tôt. Dans son partiel dévoilé lundi, le boulanger industriel indique cependant s'en tenir à ses objectifs.

Cité dans un communiqué, le directeur général (CEO) d'Aryzta, Owen Killian, parle d'une évolution "conforme aux attentes" au 1er trimestre. Selon lui, l'érosion du revenu sous-jacent (-1,2%) s'explique avant tout par le fléchissement attendu des volumes en Amérique du nord, ainsi que par la consolidation de la production en Allemagne.

Reste que la copie rendue par le groupe zurichois est inférieure aux projections des analystes sollicités par AWP. Le plus pessimiste d'entre eux tablait sur un chiffre d'affaires de 965 mio EUR, et aucun n'avait anticipé une croissance organique négative.

En Amérique du nord, les ventes se sont affaissées de 7,5% à 462 mio EUR, malgré un effet de change positif de 0,5%, en raison de baisses de volumes imputables au renouvellement de contrats à long terme au cours de l'exercice précédent.

En Europe, le repli du chiffre d'affaires a été plus modéré (-1,4% à 463,3 mio EUR) et est à mettre essentiellement sur le compte des effets d'acquisition (-1,1%) et de change (-1,7%). La croissance organique est ressortie positive (+1,4%) et les volumes se sont étoffés, malgré un arrêt temporaire des activités de production en Allemagne.

Dans le reste du monde, Aryzta a vu ses recettes bondir de 21,1%, à 63,5 mio EUR, dopées par une croissance organique de 9,7% et un effet de change positif de 11,4%.

Pour la suite de l'exercice, la direction indique vouloir concentrer ses efforts sur la génération de liquidités, et confirme les objectifs formulés en septembre, à savoir un flux de trésorerie compris entre 225 et 275 mio EUR sur l'ensemble de l'exercice, ainsi qu'un bénéfice par action (BPA) sous-jacent stable.

OBJECTIFS RÉALISTES

Lors d'une conférence téléphonique, Paul Meade, directeur responsable des investissements a qualifié de "réaliste" un objectif de croissance organique de 1-2%, assorti d'une marge brute d'exploitation (Ebitda) située entre 11,5-12,5%.

Le cadre d'Aryzta a tenu à mettre en garde contre une surpondération de la croissance organique décevante du 1er trimestre, clos fin octobre (-1,2%). "Nous avons toujours affirmé qu'il y a une forte volatilité d'un trimestre à l'autre", a-t-il insisté.

Par ailleurs, l'objectif de croissance tient compte des contrats perdus aux Etats-Unis, ainsi que des coûts de restructuration en Allemagne. La direction est convaincue que la croissance souffreteuse en Amérique du nord n'est qu'un "élément passager", à en croire M. Meade.

Au niveau des coûts financiers, Aryzta anticipe une légère embellie et ramène la fourchette à 80-95 mio EUR, après 80-105 mio évoqués en septembre. Concernant le refinancement à venir, M. Meade a indiqué que celui-ci devrait débuter encore avant fin 2016, mais n'a pas fourni plus de détails sur les taux sur lesquels l'entreprise s'est basée pour formuler ses projections.

Dans leurs premiers commentaires, les analystes ont été quasiment unanimes à manifester leur déception face à un nouveau rendez-vous manqué avec la croissance organique, même si la plupart reconnaissent que la contre-performance d'Aryzta est due à des facteurs extraordinaires.

Vontobel parle de chiffres "décevantes" et s'attend à ce que 2016/17 soit une nouvelle année de transition, qui devrait générer de la croissance, et campe sur sa recommandation "hold".

Chez Baader Helvea, au-delà de l'agacement de voir se dessiner "encore" une année de transition, on est maintenant à l'affût des résultats semestriels, qui seront cruciaux pour convaincre les investisseurs qu'une accélération de la génération de liquidités à 300 mio EUR à l'horizon 2017/18 est possible.

Goldman Sachs relève pour sa part l'embellie sur le front des coûts financiers. La banque d'affaires tablait pour l'exercice en cours sur 89 mio, en ligne avec les nouvelles projections.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) fait remarquer qu'au cours des trois prochains trimestres, le repli dû au non renouvellement de gros contrats devrait grever les comptes de 76 mio EUR supplémentaires. Dans ces conditions, elle juge les objectifs "très ambitieux" mais confirme se recommandation de "pondérer au marché".

Les investisseurs ont fait preuve de plus de mansuétude. Après un plongeon dans les premiers échanges, qui lui a valu de frôler le seuil symbolique des 40 CHF, la nominative Aryzta s'est reprise en cours de matinée et est repassée en territoire positif. Elle a clôturé sur un solide rebond de 1,4% à 42,40 CHF, dans un SLI en recul de 0,76%.

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