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SAN FRANCISCO (awp/afp) - L'App Store, l'incontournable magasin d'applications sur les iPhone, deviendrait "un grand bazar" selon Tim Cook, le patron d'Apple, si les applications étaient autorisées plus librement sur les smartphones, comme le demande Epic Games, l'éditeur du jeu vidéo Fortnite qui accuse le géant des technologies de monopole.

Epic Games demande à la cour de déclarer que les règlements d'Apple enfreignent les lois antitrust. Une telle décision forcerait la firme à autoriser des magasins alternatifs et à simplifier l'accès pour les développeurs d'application.

Selon ce scénario, "nous ne pourrions plus garantir la protection de la confidentialité et de la sécurité" des données des utilisateurs, a assuré Tim Cook en réponse à des questions de Veronica Moye, une avocate d'Apple.

Sans le processus de vérification des applis, l'App Store deviendrait "un grand bazar aux effets délétères", a-t-il ajouté. "Ce serait aussi terrible pour les développeurs, qui ont besoin que le magasin soit un lieu sûr et de confiance".

Le témoignage de Tim Cook intervient après trois semaines de procès dans un tribunal d'Oakland, une ville proche de San Francisco.

Les deux sociétés s'affrontent depuis août, quand Epic a rompu son contrat avec Apple. Sa mise à jour de Fortnite offrait aux joueurs un moyen de contourner le système de paiement de l'App Store, et ainsi échapper au prélèvement automatique d'une commission de 30%.

Apple avait immédiatement éjecté le jeu de la plateforme, et l'éditeur avait engagé des poursuites.

Epic Games accuse Apple de contrôler le seul moyen de distribuer des applications sur les iPhone et iPad en imposant aux développeurs son système de paiement pour les achats de biens numériques au sein des applis.

L'éditeur voit dans l'App Store un "jardin emmuré" ("walled garden"). Cette métaphore critique des grandes plateformes désigne leurs écosystèmes, où ils peuvent fixer les règles, privilégier leurs propres produits, attirer et piéger les utilisateurs et les développeurs, qui n'ont pas d'alternative s'ils veulent accéder à ce marché.

En défense, la société de Cupertino fait valoir, entre autres, que les joueurs peuvent accéder à Fortnite ailleurs (sur les consoles ou PC, par exemple) et assure qu'Epic agit seulement pas cupidité.

Le procès est suivi de près par l'industrie car il pourrait définir, sur le long terme, le modèle économique des applications mobiles.

De nombreux autres éditeurs se plaignent de la "taxe Apple" et différents régulateurs américains enquêtent sur les pratiques du groupe, souvent considéré comme juge et partie sur sa plateforme.

Fin avril, l'Union européenne, saisie d'une plainte de Spotify, a estimé qu'Apple avait bien "faussé la concurrence" pour évincer ses rivaux, notamment grâce à des commissions "très élevées" dont ses propres applications sont de facto exemptées.

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