par Raoul Sachs

Les plus optimistes sont résolument favorables aux actions. Les plus prudents préconisent un mix actions et obligations d'entreprises (crédit corporate), les emprunts d'Etat des pays développés étant regardés avec circonspection après une chute des rendements à des plus bas historiques en août et la dégradation des finances publiques.

Un deuxième constat, devenu une banalité, fait aussi consensus: la croissance mondiale continuera à être tirée par les pays émergents, Chine en tête, ce qui se traduit par des investissements sur des valeurs locales mais aussi, et surtout, sur des titres de grands groupes occidentaux bien positionnés pour tirer profit de ce nouvel "Eldorado".

Troisième point de consensus : la crise de la dette souveraine va continuer à peser en 2011 mais la zone euro ne va pas éclater. Les taux vont remonter mais rester à des niveaux bas.

Les stratégistes de Société générale s'attendent à une progression de 11% à 15% des Bourses dans les 12 prochains mois, la classe d'actifs actions étant portée, selon eux, par une amélioration de la conjoncture, des valorisations attractives, des politiques monétaires accommodantes et par la croissance des bénéfices.

Mais ils prévoient un début d'année difficile en raison de craintes sur la croissance outre-Atlantique. C'est pourquoi les stratégistes crédit de SG estiment qu'en 2011 les obligations d'entreprises conserveront un attrait supérieur à celui des actions, au moins pendant la première moitié de l'année en raison des incertitudes entourant la croissance.

"PROTECTION DU CAPITAL"

"La protection du capital restera une priorité des investisseurs tant que la visibilité économique ne se sera pas améliorée et restera donc un facteur important de soutien au crédit corporate", disent-ils, en prévenant que la performance du crédit sera moins spectaculaire qu'en 2009 et 2010.

Les mesures d'austérité budgétaire décidées en Europe risquent de freiner une croissance déjà molle, l'Allemagne, qui a retrouvé une bonne santé économique, faisant exception.

"Les vicissitudes créées par les dettes publiques européennes ne doivent pas masquer un certain nombre d'arguments positifs pour les actifs risqués, qu'il s'agisse du crédit ou des actions", estime Pascal Blanqué, directeur de l'investissement chez Amundi.

"On est dans un monde 'surliquide' qui va le demeurer", ajoute-t-il. "Il y a vraisemblablement à l'orée de 2011 une vague de M&A (fusions-acquisitions) qui va se déclencher, en raison de (...) 'corporates' en situation financière très profitable et surtout surliquide."

Le responsable d'Amundi surpondère les actions et le crédit de la catégorie spéculative ("high yield").

Christian Rabeau, directeur de la gestion d'Axa Investment Managers, explique que la perspective d'une croissance plus faible mais plus solide en 2011, soutenue par des politiques monétaires très accommodantes dans les pays développés, devrait à court terme soutenir les actions et le crédit.

Plus pessimiste sur la conjoncture, Groupama Asset Management s'attend à un affaiblissement de la croissance mondiale en 2011 du fait des politiques d'austérité dans les pays développés et du resserrement des conditions monétaires dans les pays émergents comme la Chine.

Les entreprises sont en meilleure santé que les Etats qui ont accumulé une montagne de dette depuis 2008, disent les responsables de Groupama AM. Ils estiment qu'en 2011 les profits devraient continuer à progresser et donner de "l'attractivité aux actions et dans une moindre mesure au crédit".

Edité par Dominique Rodriguez