PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont fini en baisse vendredi au terme d'une séance volatile et Wall Street évoluait dans le rouge à la mi-séance, les investisseurs étant partagés entre les craintes suscitées par l'annonce d'une intensification des bombardements en Ukraine et l'espoir d'une issue diplomatique à cette crise à la faveur d'une rencontre prévue la semaine prochaine entre les Etats-Unis et la Russie.

À Paris, le CAC 40 a terminé en repli de 0,25% à 6.929,63 points. Le Footsie britannique a reflué de 0,32% et le Dax allemand de 1,47%.

L'indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,95%, le FTSEurofirst 300 de 0,78% et le Stoxx 600 de 0,81%.

Sur l'ensemble de la semaine, le CAC 40 a perdu 1,16% et le Stoxx 600 1,87%.

Les Bourses européennes, qui avaient progressé jusqu'à la mi-séance vendredi après l'annonce jeudi soir d'une rencontre en fin de semaine prochaine entre le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, ont finalement reflué en clôture.

Les séparatistes pro-russes de l'Est de l'Ukraine ont annoncé vendredi leur intention d'évacuer vers la Russie les civils des régions sécessionnistes qu'ils dirigent, alors que les bombardements s'intensifient dans la région pour le deuxième jour consécutif, accentuant les craintes occidentales d'une invasion russe imminente.

La presse russe a cependant rapporté que de nouvelles unités d'infanterie et de chars retournaient vers leurs bases alors que le président américain Joe Biden doit présider ce vendredi une réunion téléphonique sur la crise ukrainienne avec plusieurs dirigeants mondiaux, dont Emmanuel Macron.

"Même si nous avons été prévenus qu'une invasion russe était très probable, la rencontre (Blinken-Lavrov) apporte l'espoir qu'il ne se passera rien d'ici là, offrant une certaine stabilité aux marchés", relève Craig Erlam, analyste marchés chez Oanda.

L'indice de la volatilité, aussi appelé "indice de la peur", en repli une bonne partie de la séance, a fini en hausse de 8,5% en Europe et prenait 2,5% aux Etats-Unis au moment de la clôture des Bourses européennes.

VALEURS EN EUROPE

Sur le Stoxx 600, le compartiment défensif de l'alimentation et des boissons (+0,4%) a offert un peu de soutien aux marchés d'actions, tandis que de l'autre côté du spectre, le transport et les loisirs (-3%), ainsi que le pétrole et le gaz (-1%) ont figuré parmi les plus fortes baisses.

Le secteur des banques et celui de l'assurance, en repli respectivement de 0,4% et 1,2%, ont subi de leur côté des prises de bénéfice.

Dans les publications de résultats, Renault a fini quasiment inchangé malgré l'annonce par le constructeur automobile d'un bénéfice en 2021 après deux années de pertes.

Le spécialiste des centres d'appel Teleperformance a grimpé de 4,8% à la faveur de ses résultats et prévisions.

Hermès en revanche a chuté de 4,1%, le marché sanctionnant des résultats inférieurs aux attentes, le quatrième trimestre ayant été freiné par des contraintes sur la production.

EDF a abandonné pour sa part 2,3% après l'annonce d'une augmentation de capital de 2,5 milliards d'euros, tandis qu'Allianz a cédé 3,7% en raison de provisions de 3,7 milliards d'euros liées à des litiges sur la gestion de certains fonds aux Etats-Unis.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 0,3%, le Standard & Poor's 500 de 0,4% et le Nasdaq de 0,8%, les indices peinant à trouver une direction claire en raison des incertitudes sur l'Ukraine.

"Ces inquiétudes géopolitiques n'ont pas forcément un impact direct sur les marchés d'actions, mais elles ont la capacité de créer de l'incertitude", note Robert Pavlik, gérant portefeuille chez Dakota Wealth.

"Personne ne veut entamer le long week-end en étant trop exposé", ajoute-t-il, faisant référence à lundi, jour férié aux Etats-Unis.

Sur le plan sectoriel, hormis les services aux collectivités et l'immobilier, tous les autres compartiments du S&P-500 évoluent dans le rouge, les hautes technologies perdant 0,8%.

Quelques publications de résultats animent aussi la tendance à l'image du producteur de lithium Livent qui gagne 2,4% après ses prévisions annuelles, tandis qu'à l'opposé les perspectives de la chaîne de restauration rapide Shake Shack (-4,5%) et du fabricant d'appareils de "streaming" Roku (-25%) sont sanctionnées.

Dans les fusions-acquisitions, le fabricant américain de matériaux industriels Dupont de Nemours prend 0,3% après l'annonce de la vente de sa division de mobilité et de matériaux à Celanese (-3,6%) pour 11 milliards de dollars (9,6 milliards d'euros).

LES INDICATEURS DU JOUR

L'indice des prix à la consommation en France pour le mois de janvier, harmonisé selon les normes européennes (IPCH), a été confirmé vendredi en hausse 3,3% sur un an.

CHANGES

Sur le marché des devises, le dollar repart à la hausse (+0,26%) face à un panier de monnaies internationales de référence grandes devises, profitant de son statut d'actif refuge.

L'euro, en repli de 0,27%, se traite à 1,1327 dollar.

TAUX

Les rendements obligataires reculent, affectés par une certaine aversion au risque. Le taux des bons du Trésor américain à dix ans cède 3,8 points de base à 1,935%, son niveau le plus bas depuis lundi, alors qu'il avait touché mercredi un pic de deux ans et demi à 2,065%.

En Europe, le mouvement de hausse des rendements observé en début de séance a également fait long feu, le Bund allemand à dix ans ayant terminé vendredi en repli de 2,5 points à 0,206%, tandis que son équivalent français de même échéance s'est contracté de 1,1 point à 0,695%.

PÉTROLE

Le marché pétrolier est également volatil, partagé entre les spéculations sur un possible succès des négociations internationales concernant le programme nucléaire de l'Iran et les tensions en Ukraine.

Le Brent, en repli en matinée, gagnait 0,3% à 93,2 dollars à la clôture des Bourses en Europe, tandis que le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) était stable à 91,7 dollars.

(Reportage Claude Chendjou, édité par Jean-Stéphane Brosse)

par Claude Chendjou