Le groupe européen d'aéronautique et de défense, maison mère d'Airbus, a annoncé mardi son intention de soumettre une nouvelle proposition à l'armée de l'air américaine pour ce contrat de renouvellement estimé à quelque 50 milliards de dollars (37 milliards d'euros).

"Nous avons impérativement besoin d'un partenaire local pour une part significative des équipements mais cette fois, nous serons maître d'oeuvre. Nous sommes en discussions avec un certain nombre de partenaires", a souligné Louis Gallois, lors d'un petit déjeuner organisé par l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef).

"Nous pensons que nous avons le meilleur produit. Bien sûr, la question du prix sera un élément décisif", a-t-il ajouté.

EADS a désormais jusqu'au 9 juillet pour remettre une proposition concurrente de celle de son grand rival Boeing. La décision du Pentagone est attendue à l'automne.

L'entreprise européenne entend proposer l'A330 MRTT (Multi Role Tanker Transport), un appareil dérivé du biréacteur d'Airbus, face à un Boeing B767 remanié.

Interrogé sur les chances pour EADS de l'emporter, alors que la participation du groupe à l'appel d'offres est susceptible de déclencher une campagne politique et commerciale agressive, Louis Gallois a répondu que son projet créerait au moins autant d'emplois que celui de Boeing sur le sol américain.

Louis Gallois a également jugé que le dollar restait faible et qu'il continuait d'incarner une menace.

"Même à 1,35 dollar, le dollar reste faible, surtout si l'on examine la parité dans la durée", a-t-il dit. Vers 11h00, la devise américaine s'échangeait à 1,3430 pour un euro.

Louis Gallois a estimé par ailleurs qu'Arnaud Lagardère, gérant du groupe de médias Lagardère, jouait son rôle d'actionnaire en dépit d'articles de presse évoquant son désintérêt pour l'entreprise. Lagardère contrôle 7,5% du capital d'EADS.

"Arnaud Lagardère joue son rôle, il a toujours soutenu le management quand il a considéré que cela était sain. Je ne m'associe pas à ceux qui disent qu'il se désintéresse de l'entreprise", a-t-il expliqué.

"Ce n'est pas à moi de parler de sa stratégie", a-t-il poursuivi. Arnaud Lagardère, actuellement sous la pression de l'investisseur Guy Wiser-Pratte, a déclaré lundi dans un entretien au quotidien Le Figaro qu'il prendrait le temps nécessaire pour céder sa participation.

Louis Gallois a par ailleurs défendu l'idée d'un grand emprunt européen pour l'industrie.

"Notre industrie est sous capitalisée. Le tissu des moyennes entreprises ne peut pas faire l'effort d'investissement que d'autres font, je ne crois pas à une Europe sans usine", a-t-il dit.

Matthias Blamont et Tim Hepher, édité par Jean-Michel Bélot