Mirabel (awp/afp) - Six mois après le début du partenariat Airbus-Bombardier, la ligne d'assemblage de l'A220 au Canada monte en cadence et vise 50% des parts de marché des moyen-courriers de 100 à 150 places dans les 20 prochaines années, principalement grâce à l'Amérique du Nord.

"C'est une grande aventure" et "un défi" de "réussir à faire de ce programme un succès commercial", a déclaré Philippe Balducchi, le patron du partenariat Airbus-Bombardier, dépêché par Toulouse, où se trouve le siège d'Airbus.

Devant la ligne d'assemblage finale (FAL) de Mirabel, au nord-ouest de Montréal, flottent désormais les drapeaux aux couleurs de Bombardier et d'Airbus, à côté de ceux du Canada et de la province de Québec. A l'intérieur, six A220 (ex-CSeries) sont en cours d'assemblage. D'autres sont en cours de finition dans des hangars voisins.

Installée à proximité de la ligne d'assemblage des avions régionaux CRJ, dont Bombardier a conservé le contrôle, celle de l'A220 tranche par son organisation en flux tendu, car en concevant son appareil, le Canadien a mis au point un processus d'assemblage aussi performant que possible.

Il a également prévu d'accompagner les compagnies exploitantes. Bombardier a mis en place un centre d'appel dédié aux clients de cet appareil monocouloir, grâce auquel il surveille en temps réel la flotte d'A220 dans le monde.

"100.000 paramètres de l'avion sont surveillés en temps réel", explique Rob Dewar, le "père" du CSeries. "Nous sommes en mesure de découvrir un problème en même temps que nos clients", ajoute-t-il, grâce à l'équipe de 120 personnes qui travaillent 24h/24 et 7 jours sur 7 dans ce centre.

Mais l'idée est d'aller plus loin. "Aujourd'hui, des gens surveillent ces données. Mais nous sommes en train d'acquérir le savoir-faire pour aller vers la maintenance prédictive".

"Très bonne alchimie"

Ce concept est devenu une sorte de graal pour l'industrie aéronautique, qui y voit un moyen de réduire les coûts d'exploitation des avions et d'en améliorer la productivité opérationnelle.

Pour l'heure, l'objectif d'Airbus est d'atteindre la cadence de dix appareils par mois à Mirabel à l'horizon 2025, contre 33 appareils livrés au cours de l'année 2018, et 17 en 2017.

Pour y parvenir, Airbus prévoit de déployer des outils numériques afin d'améliorer les coûts de production unitaires des A220 - une réduction "substantielle à deux chiffres", selon Philippe Balducchi - et faciliter la montée en cadence de production de l'appareil.

"La montée en cadence est un défi car c'est un nouvel avion", explique Florent Massou, le responsable du programme. "Nous avons découvert des difficultés à surmonter ici mais ce n'était pas une surprise", ajoute-t-il en insistant sur la nécessité de faire mieux.

Dans les allées de la FAL, on reconnaît que l'arrivée d'Airbus a permis de faire décoller le programme sur le plan commercial, grâce à la force de frappe commerciale du géant européen, à sa capacité à réduire les coûts d'approvisionnement du fait de son poids auprès de la chaîne de sous-traitance, mais aussi de son expertise en termes de production.

"L'alchimie est très bonne" avec les équipes d'Airbus, assure ainsi Ronald Larocque, superviseur production et finition intérieure chez Bombardier. "Ça nous aide à aller de l'avant, à améliorer nos processus", ajoute-t-il en rappelant que l'inauguration cette semaine d'une seconde ligne d'assemblage de l'appareil à Mobile aux Etats-Unis, où seront produits quatre appareils par mois à terme, élargit encore l'horizon.

Jusqu'à l'annonce du partenariat en octobre 2017, le CSeries s'était vendu à 360 exemplaires. Le carnet de commandes est désormais de 537 exemplaires, dont plusieurs auprès de compagnies comme Delta Air Lines, la plus grande au monde en terme de flotte, ou encore JetBlue et Moxy qui ont commandé 120 A220 au début du mois. Des compagnies américaines dont Airbus a fait le coeur de cible du petit dernier de sa gamme.

afp/rp