PARIS, 4 décembre (Reuters) - Les pays européens, à commencer par l'Allemagne, doivent augmenter leurs budgets de défense et il faut relancer rapidement la coopération franco-allemande, a déclaré Tom Enders, président exécutif d'Airbus Group.

Dans une interview à paraître lundi dans Le Figaro, il indique d'autre part que le groupe franco-allemand d'aéronautique et de défense sera "très attentif" aux décisions que prendra le gouvernement britannique dans le cadre du "Brexit", soulignant que l'enjeu est la poursuite des investissements d'Airbus outre-Manche.

Interrogé sur l'élection de Donald Trump, il estime que le futur président américain "a raison sur un point : l'Europe doit investir davantage dans sa sécurité et sa défense."

"L'Allemagne, qui a l'économie la plus solide en Europe, devrait augmenter son budget militaire. Les pays de l'Union européenne (UE) devraient investir 2 % de leur PIB - c'est un minimum - dans la défense, contre 1,5 % en moyenne aujourd'hui", dit Tom Enders.

"L'Union européenne n'a pas de budget militaire en propre. Ce sont donc aux nations d'investir, de coopérer et de coordonner leurs efforts en matière de défense et de sécurité", ajoute-t-il.

Pour le patron allemand d'Airbus Group, "l'Europe reste fragile et le risque d'une crise grave n'est pas à écarter."

"C'est pourquoi nous avons besoin pour l'Europe et pour Airbus d'une France forte. L'Allemagne seule ne l'est pas assez. L'avenir de l'Union européenne repose sur un couple franco-allemand soudé. La coopération entre nos deux pays s'est délitée. Il faut la relancer rapidement", explique-t-il.

A propos de la situation américaine, il indique que, dans le contexte créé par l'élection de Donald Trump, "il est plus que jamais crucial de nous développer et d'investir davantage dans nos activités industrielles aux États-Unis."

S'agissant de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, Tom Enders a déclaré qu'Airbus Group, comme d'autres compagnies, mène "un lobbying très fort, en faveur d'un 'soft Brexit'", l'enjeu étant de ne pas affaiblir davantage l'économie européenne avec de nouvelles barrières douanières.

"Nos intérêts sont très importants au Royaume-Uni. Toutes les ailes de nos avions - je parle de plus de 1.200 voilures par an - sortent de nos usines anglaises", fait-il valoir.

"Airbus est le deuxième groupe aéronautique britannique, la première société spatiale (...) Nous y avons noué de nombreux partenariats. Nous serons très attentifs aux décisions que prendra le gouvernement. Ce qui est en jeu, c'est la poursuite la poursuite de nos investissements au Royaume-Uni." (Yann Le Guernigou, édité par Jean-Philippe Lefief)