(Actualisation: déclarations du directeur général et du directeur financier sur l'impact des attentats, les grèves en France, le taux de remplissage et le futur plan stratégique, montant attendu de la facture carburant en 2016, contexte, réaction en Bourse)

Le transporteur aérien Air France-KLM (AF.FR) a prévenu mercredi que les incertitudes économiques et géopolitiques qui pèsent sur les prix des billets balaieraient complètement les économies réalisées cette année grâce à la baisse des prix du carburant.

Le groupe a toutefois confirmé ses objectifs financiers pour l'ensemble de l'exercice 2016, après avoir dégagé un bénéfice net au deuxième trimestre à la faveur de la baisse des coûts du carburant et en dépit d'un recul de son chiffre d'affaires.

Entre avril et juin, le groupe franco-néerlandais a dégagé un bénéfice net de 41 millions d'euros, contre une perte de 79 millions d'euros au deuxième trimestre 2015. L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) a progressé à 728 millions d'euros, contre 527 millions d'euros un an plus tôt.

Le groupe a bénéficié d'un recul de 7,5% de ses charges d'exploitation sur la période, sous l'effet principalement d'une baisse des coûts du kérosène. La facture de carburant a ainsi chuté de 29,7%, à 1,17 milliard d'euros. Hors carburant, les charges ont augmenté de 0,3% au deuxième trimestre.

Le chiffre d'affaires a diminué de 5,2% au deuxième trimestre, à 6,22 milliards d'euros contre 6,56 milliards d'euros un an plus tôt, "en raison d'une pression croissante sur les recettes unitaires", a précisé le groupe.

Pour la suite de 2016, Air France-KLM a maintenu son objectif d'un cash-flow libre d'exploitation après cessions "compris entre 0,6 et 1 milliard d'euros" et d'une réduction des coûts unitaires de l'ordre de 1% à carburant et changes constants.

Rebond du cours de Bourse

En réaction aux résultats du groupe, l'action Air France-KLM gagnait 2% à 5,32 euros vers 14h05 sur Euronext Paris. Les analystes soulignent que le résultat d'exploitation, ressorti à 317 millions d'euros, est supérieur à leurs attentes.

Les analystes sondés par Factset tablaient en moyenne au deuxième trimestre sur un résultat net de 87 millions d'euros, un Ebitda de 584 millions d'euros, ainsi qu'un chiffre d'affaires de 6,23 milliards d'euros.

Cependant, le groupe a souligné que "les économies attendues sur la facture carburant devraient être plus que compensées dans les trimestres à venir par une pression à la baisse sur les recettes unitaires et un effet de change négatif". La facture de carburant devrait s'établir cette année autour de 4,6 milliards d'euros, ce qui représente une baisse de 1,6 milliard d'euros par rapport à celle de l'an dernier.

Les attentats affectent l'activité en France

A l'instar des autres compagnies aériennes européennes, le groupe franco-néerlandais pâtit des répercussions des attentats terroristes sur le tourisme et les voyages. Lufthansa, IAG et easyJet ont récemment lancé des avertissements sur leurs résultats de l'exercice en cours.

Les attentats survenus en Europe, et surtout en France, affectent la France en tant que destination, a confirmé Pierre-François Riolacci, directeur financier de la compagnie.

Air-France a enregistré au deuxième trimestre une hausse de 3,4% de son trafic, à près 24,39 millions de passagers. Le taux de remplissage, qui en avril était supérieur à celui constaté un an plus tôt, est néanmoins tombé en juin sous son niveau de l'an dernier, traduisant les difficultés du groupe à remplir ses avions, a précisé Pierre-François Riolacci. Les réservations effectuées pour juillet et août ont également été lentes et pourraient faire baisser le prix des billets de 10% ou plus de manière à occuper les sièges, a-t-il ajouté.

Brexit et grèves assombrissent les perspectives

Les attaques terroristes ne sont pas seules responsables de cette situation. Le vote des Britanniques le mois dernier en faveur d'une sortie de l'Union européenne a entraîné des incertitudes réglementaires et laissé craindre une baisse de la demande.

Par ailleurs, Air France-KLM reste confronté à une situation sociale difficile, marquée par des grèves à répétition. Début juillet, le groupe avait prévenu que l'impact de la grève des pilotes sur le résultat d'exploitation de juin était estimé à environ 40 millions d'euros.

Une partie du personnel navigant commercial a lancé ce mercredi un mouvement de grève qui devrait se poursuivre jusqu'au 2 août. Le coût de cette grève va probablement dépasser celui de la grève des pilotes, a prévenu Pierre-François Riolacci, et atteindre "plusieurs dizaines de millions d'euros".

Ces perturbations ont enrayé les efforts du groupe pour mettre en oeuvre des mesures d'économies de coûts destinées à renforcer sa compétitivité face à des concurrents de poids aussi bien sur ses vols court- que long-courriers.

Le nouveau PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, a déclaré qu'il s'efforcerait de retrouver la confiance du personnel, mais a prévenu que la compétitivité du groupe restait insuffisante.

Nouveau plan stratégique en novembre

Le dirigeant prévoit de présenter ses perspectives pour l'avenir du groupe au début novembre, période à laquelle les négociations avec les pilotes sur les conditions de travail, actuellement suspendues, doivent reprendre.

Air France-KLM a également indiqué que son plan 2016 d'investissement, compris entre 1,8 et 2 milliards d'euros, et son programme de cession, qui s'établit entre 300 et 600 millions d'euros, "seront ajustés en fonction de la génération de cash-flow d'exploitation".

Au 30 juin, la dette nette d'Air France-KLM s'élevait à 4,04 milliards d'euros, en baisse de 265 millions d'euros par rapport à la même période un an plus tôt.

-Yann Morell y Alcover, Jérôme Batteau et Robert Wall, Dow Jones Newswires; +33 (0)1 40 17 17 75; yann.morellyalcover@wsj.com

(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV