Depuis près de trois mois, Air France-KLM et Lufthansa se disputent les près de 25% que le consortium CAI, qui a pris le contrôle d'Alitalia, souhaite voir passer dans les mains d'un partenaire.

Malgré l'offensive de l'allemand et l'opposition affichée par Rome, il semble que ce soit bien Air France-KLM qui tienne la corde, ont déclaré deux sources proches de la situation.

Selon des médias italiens, CAI a déjà fait le choix de la compagnie française, même si les deux parties nient qu'un accord ait déjà été signé.

"Les discussions avec Air France-KLM sont à un stade plus avancé", a dit une des sources. "Nous discutons, mais il n'y a pas encore d'accord."

Ninni Carbonelli D'Angelo, un des membres du consortium CAI, a corroboré ces propos, déclarant à l'agence de presse AGI que le groupe était en discussions avancées sans qu'un accord ait été signé pour autant.

Les investisseurs de CAI ont d'ores et déjà accepté d'apporter 1,1 milliard d'euros dans la compagnie italienne et de la relancer sous une forme nouvelle. Ils ont indiqué qu'ils souhaitaient voir arriver un partenaire, qui prendrait une part allant de 20% à 25%, pour un prix évalué entre 220 et 275 millions d'euros.

UN PARTENARIAT NATUREL ?

La question du prix n'est cependant pas la plus importante et Alitalia cherche par ailleurs à obtenir les meilleurs accords commerciaux possibles avec Skyteam ou avec la Star Alliance de Lufthansa.

Alitalia devra prouver qu'elle a réussi à conserver la confiance des passagers après des années marquées par des grèves, par une dégradation de ses services et par les incertitudes encourant son avenir.

La montée d'Air France-KLM au capital d'Alitalia semble aller de soi pour de nombreux analystes qui soulignent que les deux groupes entretiennent déjà des relations commerciales et qu'ils appartiennent tous les deux à l'alliance Skyteam.

Le transporteur français avait déjà tenté une approche en 2008 pour racheter Alitalia, mais cette opération s'était soldée par un échec devant l'opposition des syndicats.

Un partenariat entre Air France-KLM et la compagnie nationale italienne irait toutefois à l'encontre de la volonté plusieurs fois exprimée par le Président du conseil Silvio Berlusconi qui s'est prononcé en faveur de Lufthansa.

Le modèle "multi-hubs" de la compagnie allemande a la faveur à la fois des syndicats et des hommes politiques du nord de l'Italie qui souhaitent préserver l'emploi à l'aéroport de Milan.

Mais du côté de CAI, on semble vouloir mettre l'accent sur Rome, d'où le consortium souhaite voir partir les vols intercontinentaux. Ce scénario devrait là encore favoriser Air France-KLM, qui plaide pour une montée en puissance de l'aéroport de la capitale italienne.

Deepa Babington, version française Nicolas Delame