PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le concessionnaire des aéroports de Roissy-CDG et Orly, Groupe ADP, a annoncé jeudi une baisse de ses revenus au premier trimestre, l'exploitant aéroportuaire subissant les premiers effets de la crise sanitaire qui a conduit les compagnies aériennes à clouer au sol l'essentiel de leurs avions.

Sur les trois premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires du groupe s'est inscrit à 911 millions d'euros contre 966 millions d'euros au premier trimestre 2019, soit une baisse de 5,6% sur un an. En excluant l'intégration des entreprises Relay@ADP et Société de Distribution Aéroportuaire, toutes deux consolidées depuis avril, le chiffre d'affaires du groupe a fondu de 15,1% sur un an au premier trimestre.

Selon le consensus réalisé par FactSet, les analystes tablaient en moyenne sur un chiffre d'affaires trimestriel de 901 millions d'euros.

Le trafic du groupe a chuté de 10,1% au premier trimestre. "Cette baisse du trafic s'est amplifiée en avril et devrait demeurer à un bas niveau en mai. Une reprise progressive est attendue à partir du mois de juin", a souligné Augustin de Romanet, le PDG du groupe, cité dans un communiqué.

Groupe ADP a indiqué que sur la période allant du 1er au 14 avril, "la baisse du trafic passagers et du nombre de mouvements avions s'est accélérée sur les plates-formes parisiennes, avec une évolution respective estimée de -98,0% et de -93,8%", par rapport à la même période de 2019.

L'entreprise a expliqué ne pas pouvoir à ce stade évaluer précisément la baisse de l'activité sur ses résultats annuels 2020, "compte tenu de l'incertitude sur les modalités et le calendrier de retour à la normale du trafic dans les différentes zones géographiques".

Groupe ADP a indiqué avoir mené une analyse de sensibilité fondée sur une baisse de trafic de ses aéroports comprise entre 55% et 65% entre les mois d'avril et décembre 2020. "Dans ces conditions, l'impact sur le chiffre d'affaires consolidé du groupe serait d'environ 2 à 2,5 milliards d'euros", a expliqué ADP.

Après avoir renoncé à sa projection d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) pour 2020, ADP a annoncé à la fin mars que son conseil d'administration avait décidé de soumettre au vote de sa prochaine assemblée générale annuelle le versement d'un dividende total correspondant à l'acompte de 0,70 euro déjà versé pour chaque action le 10 décembre dernier. Le groupe projettait initialement de verser un dividende de 3,70 euros par action au titre de 2019.

"Seul l'acompte de 0,70 euro du dividende au titre de l'exercice 2019 restera acquis", avait alors souligné ADP. Cette décision vise à préserver les "marges de manœuvre de l'entreprise dans une crise dont l'on ne connaît pas la durée" et a été prise à la demande de l'Etat, avait ajouté le groupe.

En marge de cette publication, l'exploitant aéroportuaire a indiqué avoir engagé devant le Conseil d'Etat un recours pour annuler l'avis de l'Autorité de régulation des transports (ART) sur le coût moyen pondéré du capital (CMPC) pour le futur Contrat de régulation économique (CRE) pour la période 2021-2025. Ce contrat définit à la fois les investissements que doit réaliser Groupe ADP sur ses plateformes parisiennes et le niveau d'augmentation des redevances qu'il perçoit auprès des compagnies aériennes. Le CMPC définit un taux de rentabilité servant de point d'équilibre.

L'ART avait rendu en février un avis dans lequel elle s'était prononcé en faveur d'un CMPC compris entre 2% et 4,1%, très éloigné de la proposition de Groupe ADP de 5,6%.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV

(Eric Chalmet a contribué à cet article)

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