par Kate Holton

LONDRES, 25 mai (Reuters) - David Cameron a rejeté vendredi les appels le pressant de limoger son ministre de la Culture et des Médias, Jeremy Hunt, accusé de partialité au sujet du projet de rachat intégral du bouquet de télévision par satellite BSkyB par le groupe de Rupert Murdoch.

Interrogé à la télévision, le Premier ministre britannique a défendu sa décision de nommer Jeremy Hunt à la tête de ce ministère chargé de valider l'acquisition de BSkyB par News Corp tout en sachant déjà que Hunt était favorable à cette opération.

Un mois avant sa nomination, Jeremy Hunt avait adressé une note à David Cameron pour défendre le projet de Rupert Murdoch.

"Je ne regrette pas d'avoir donné ce poste à Jeremy Hunt", a déclaré David Cameron. "Le point essentiel, le point vraiment essentiel, est de savoir si Jeremy Hunt a exercé ses fonctions de manière adéquate au sujet de BSkyB et je crois que c'est le cas."

Ses détracteurs accusent David Cameron d'avoir courtisé Rupert Murdoch et ses collaborateurs, notamment au sein de News International, le pôle presse de News Corp en Grande-Bretagne, afin de favoriser son ascension au poste de Premier ministre.

Le chef du gouvernement a été mis dans l'embarras par une série de révélations montrant notamment qu'il partageait des week-ends avec des membres de la famille ou des collaborateurs de Rupert Murdoch, notamment Rebekah Brooks, ancienne patronne de News International.

"Certains disent qu'il y avait une sorte de grand complot entre moi et Rupert Murdoch pour faire de belles affaires en échange de son soutien", a répliqué David Cameron. "Rupert Murdoch a dit que ce n'était pas vrai, (son fils) James Murdoch a dit que ce n'était pas vrai, j'ai dit que ce n'était pas vrai. Il n'y a pas eu de grand complot."

"PATATE CHAUDE"

Même si News Corp a dû renoncer au moins provisoirement au rachat intégral de BSkyB en raison de l'indignation suscitée par le scandale des écoutes téléphoniques pratiquées par News of the World, tabloïd de l'empire Murdoch, cette affaire continue de fragiliser le gouvernement, dont la version des faits est régulièrement remise en cause par de nouveaux éléments.

Une enquête publique a permis de démontrer qu'un collaborateur de Jeremy Hunt avait noué une étroite relation avec un lobbyiste de News Corp au cours de l'examen du projet de rachat de BSkyB, l'informant de détails importants.

Interrogé vendredi pour une deuxième journée consécutive par la commission Leveson, chargée d'examiner les pratiques de la presse à la suite du scandale News of the World, ce collaborateur de Jeremy Hunt, Adam Smith, a assuré que le ministre et son cabinet était au courant de ses propres contacts avec News Corp pendant toute la durée ce processus.

Un haut fonctionnaire du ministère a pour sa part affirmé vendredi devant la commission avoir prévenu Jeremy Hunt que ce projet d'acquisition était une "patate chaude" à traiter avec la plus grande vigilance, sans nouer le moindre lien informel avec News Corp.

Jeremy Hunt sera lui-même interrogé par les membes de la commission jeudi.

Entre-temps, Tony Blair, prédécesseur de David Cameron au 10, Downing Street et lui-même accusé de liens trop étroits avec Rupert Murdoch, témoignera lundi devant cette même commission. (Bertrand Boucey pour le service français, édité par Henri-Pierre André)

Valeurs citées dans l'article : British Sky Broadcasting Group plc, News Corp