* Pierre Graff quittera son poste de PDG le 11/11, atteint par la limite d'âge

* François Hollande aurait renoncé à la candidature de J-M Janaillac (RATP

* Craintes en interne sur un parachutage d'un PDG venu de l'extérieur

* La nomination attendue en conseil des ministres cette semaine ou la suivante

par Cyril Altmeyer et Julien Ponthus

PARIS, 19 octobre (Reuters) - Augustin de Romanet, ancien directeur général de la Caisse des dépôts (CDC), fait figure de grand favori pour succéder à Pierre Graff à la tête d'Aéroports de Paris, selon des sources proches du dossier.

Pierre Graff quittera ses fonctions de PDG d'ADP le 11 novembre, jour de ses 65 ans, atteint par la limite d'âge. Son mandat courait jusqu'en 2014.

"La piste d'Augustin de Romanet est plus que jamais d'actualité", a dit une source proche du dossier, qui ajoute qu'Augustin de Romanet a récemment discuté avec Pierre Graff des dossiers en cours.

L'Etat détient 52% d'ADP, exploitant des aéroports parisiens de Roissy et d'Orly.

François Hollande aurait renoncé à la candidature de Jean-Marc Janaillac, le patron de RATP Développement, pour ne pas déclencher de polémique sur la nomination de proches à des postes clés, a dit l'une des sources.

Jean-Marc Janaillac est issu de la même promotion Voltaire de l'Ecole nationale de l'administration que le président de la République.

Nommé en 2007 directeur général de la CDC par Jacques Chirac deux mois avant son départ de l'Elysée, mais guère en cour pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, Augustin de Romanet ne peut être soupçonné de proximité excessive avec le pouvoir actuel.

PARACHUTAGE

Selon plusieurs sources, les administrateurs salariés d'ADP redoutent le parachutage d'un PDG extérieur au groupe, lui préférant largement François Rubichon, directeur général adjoint d'ADP, lui-même candidat à la succession de Pierre Graff.

Augustin de Romanet, énarque de 51 ans, a été jusqu'en mars dernier directeur général de la Caisse des dépôts, actionnaire majoritaire du Fonds stratégique d'investissement (FSI) qui détient lui-même 8% d'ADP.

Jean-Pierre Jouyet, futur président de la Banque publique d'investissement (BPI), a récemment déclaré que cet établissement, qui va absorber le FSI, pourrait céder des participations dans de grands groupes cotés.

Cette déclaration a du coup relancé les craintes en interne d'une vente par le FSI des 8% d'ADP au groupe de BTP Vinci qui détient déjà 3% de l'opérateur aéroportuaire, a dit l'une des sources.

Au printemps, la présidence de CNP Assurances a échappé à Augustin de Romanet. Frédéric Lavenir, directeur des ressources humaines de BNP Paribas, lui a alors été préféré pour diriger la compagnie d'assurances.

Le nom du successeur de Pierre Graff à la tête d'ADP pourrait être annoncé en conseil des ministres cette semaine ou la semaine prochaine.

François Rubichon assurera l'intérim le temps des différentes étapes nécessaires pour avaliser la nomination du nouveau PDG, ce qui devrait prendre deux à trois semaines.

Le successeur de Pierre Graff devra être coopté par le conseil d'administration du groupe, puis nommé au poste de président de ce conseil.

Comme le veut la loi, il sera ensuite auditionné par une commission de chacune des chambres du parlement (Assemblée et Sénat) et sa nomination sera avalisée par le conseil des ministres, donnant lieu ensuite à la publication d'un décret.

Même si Augustin de Romanet fait figure de favori, le choix du nouveau patron d'ADP pourrait constituer une surprise totale, souligne une source, rappelant l'exemple très récent de la nomination à la direction générale de la Banque publique d'investissement (BPI) de Nicolas Dufourcq, directeur financier de Capgemini, contre toute attente.

Après de nombreux arbitrages, Nicolas Dufourcq a finalement été préféré à Anne Lauvergeon, l'ancienne présidente d'Areva , pourtant pressentie pour prendre les commandes de la nouvelle BPI. (Avec Matthieu Protard, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : CNP ASSURANCES, VINCI, ADP