Oracle aura rarement aussi bien porté son nom. L'annonce de ses résultats trimestriels, le 20 septembre, était attendue comme une prophétie par l'ensemble du secteur informatique. Et les auspices ont été favorables : sur le trimestre clos au 31 août, le groupe de Larry Ellisson a dépassé les attentes des marchés avec un chiffre d'affaires en hausse de 12%, à 8,4 milliards de dollars et un bénéfice net en forte croissance (+36%), à 1,8 milliard.

Les chiffres d'Oracle démentent les craintes des investisseurs, qui s'attendaient à une baisse des commandes des entreprises et des collectivités, dans un contexte de crise larvée. Au contraire, le secteur des logiciels se porte bien et les ventes de nouvelles licences ont même progressé de 17%. Les mises à jour de licences existantes gagnent également 17% sur un an, à 4 milliards de dollars. Dans la foulée, le titre Oracle gagnait 7,7%, le 21 septembre, à New York.

« Je m'en moque si les ventes de serveurs sont nulles »
Seul petit bémol pour Oracle, les ventes de matériels qui reculent de 5%, à 1 milliard de dollars. Mais Larry Ellisson s'agace assez vite quand les analystes insistent trop lourdement sur la baisse des ventes de serveurs. Il rappelle que les modèles vendus par Oracle (les X86) ont été intégrés au catalogue lors du rachat de Sun. Et Larry Ellisson s'est même un peu emporté face à une question sur ce sujet lors de la présentation des résultats : « Laissez-moi ajouter un mot pour mettre les choses au clair : je me moque totalement de savoir si les ventes de serveurs vont descendre à zéro. Nous ne faisons pas d'argent en vendant ces choses. Sun vendaient des serveurs équipés des solutions de nos concurrents (Intel et Microsoft). (…) Nous avons intérêt à vendre des systèmes qui intègrent uniquement notre protocole ».

La saute d'humeur de Larry Ellisson peut s'expliquer. Le patron d'Oracle devait entrer, dès le lendemain, dans le bureau d'un juge pour discuter d'un accord avec Larry Page sur l'utilisation de la technologie Java par Google. Très rapidement, il semble qu'Oracle ait revu ses ambitions à la baisse, ne demandant plus à Google que 2 milliards de dollars de dédommagement.