(Actualisé avec conférence de presse)

* La nouvelle offre valorise Club Med à 915 millions d'euros

* Fosun a jusqu'au 19 décembre à 18h pour une contre-offre - AMF

* KKR partenaire à hauteur de 20% à 40% dans Global Resorts

* Andrea Bonomi répond aux attaques du PDG du Club

par Pascale Denis et Alexandre Boksenbaum-Granier

PARIS, 5 décembre (Reuters) - Andrea Bonomi a lancé vendredi sans attendre une nouvelle surenchère sur le Club Méditerranée , accélérant le calendrier de la féroce bataille qui l'oppose au milliardaire chinois Guo Guangchang pour le contrôle du groupe de loisirs.

L'homme d'affaires italien a pris le marché par surprise en annonçant une offre à 24 euros par action quatre jours à peine après celle de 23,50 euros faite par Fosun - propriété de Guo Guangchang - alors que l'Autorité des marchés financiers (AMF) lui avait donné jusqu'au 17 décembre pour une éventuelle riposte.

Comme Fosun avant lui, Andrea Bonomi a fait une offre à minima, se contentant de proposer 2% de plus au son rival - le minimum d'augmentation requis par la réglementation boursière - et valorisant le groupe à 915 millions d'euros.

"C'est la nouvelle donne (les 2%) décidée par Fosun. C'est une stratégie raisonnable", a déclaré à la presse Andrea Bonomi, ajoutant cependant que "cette position pourrait changer".

L'homme d'affaires italien a voulu répondre au PDG du Club, Henri Giscard d'Estaing - allié à Fosun - qui a estimé qu'une nouvelle surenchère constituait une menace pour l'entreprise, ses actifs et ses emplois, faisant valoir qu'Andrea Bonomi s'était allié au fonds américain KKR animé, selon lui, par une logique financière de court terme.

"On ne peut pas se lancer dans un projet aussi ambitieux sans approche industrielle de long terme", a lancé Andrea Bonomi, précisant que KKR aurait 20% à 40% de Global Resorts.

"Impossible", selon lui, de dire que cette offre "met le Club en danger vu les investissements prévus", s'est-il aussi défendu, rappelant que son projet prévoyait 150 millions d'euros supplémentaires par rapport au plan du management du groupe.

Il s'est aussi voulu rassurant en matière d'emploi, affirmant qu'il n'y aurait "pas de plan social" mais qu'il faudrait "changer les méthodes de travail pour être plus efficace".

MEILLEURE EXECUTION

L'homme d'affaires a également réfuté les arguments des dirigeants du Club selon lesquels cette OPA perturberait le bon déroulement des projets du groupe. "Ce n'est pas Global Resorts, qui a lancé son OPA en juin seulement, qui gêne en quoi que ce soit la gestion opérationnelle du Club".

Il estime pouvoir redresser la croissance et la rentabilité du groupe qui n'a pas versé de dividende depuis 2000 et a cumulé 348 millions d'euros de pertes.

Il mise pour cela sur une meilleure exécution, un développement géographique plus équilibré entre pays émergents et pays matures et une offre repensée, notamment dans le moyen de gamme des villages 3 tridents.

"On ne peut pas toujours invoquer les printemps arabes ou autres. Une entreprise du tourisme peut très bien marcher, à condition d'être bien gérée et bien positionnée", a-t-il dit.

"Une autre voie existe", selon lui, face à la stratégie de haut de gamme axée sur un développement en Chine et au Brésil choisie par le Club.

Andrea Bonomi, qui projette de retirer la société de la Bourse pour la mettre à l'abri des pressions de court de terme du marché, pense qu'un retour en Bourse pourrait intervenir d'ici trois à cinq ans.

Présent à la conférence, Serge Trigano, fils du fondateur du Club à qui Andrea Bonomi a offert la présidence non exécutive en cas de succès de son offre, a estimé que la marque "un peu perdu son âme et avait besoin de se réinventer".

Andrea Bonomi a estimé que la durée de l'offre, en ce qui concernait Global Resorts, était "tout à fait normale pour un processus d'OPA". Sa première offre remonte à la fin du mois de juin (à 21 euros), tandis que celle de 17 euros faite par Fosun et bloquée par des recours d'actionnaires minoritaire la jugeant insuffisante, remonte au printemps 2013.

L'action Club Med a fini à 24,32 euros à la Bourse de Paris vendredi, dans un marché qui parie une nouvelle fois sur une poursuite de la bataille.

Elle grimpe de 37% depuis le début de l'année et de plus de 70% depuis la première offre de Fosun.

L'AMF avait donné 12 jours ouvrés aux deux parties pour déposer une surenchère. Elle a encore raccourci ce délai, laissant maintenant 10 jours ouvrés à Fosun pour riposter.

* Graphique sur l'évolution de l'action depuis la première offre de Fosun : http://bit.ly/125UnW2

* Encadre - Les grandes dates de la bataille du Club Med

* Club Med-L'arme de la dernière enchère jugée improbable

Le communiqué:

http://bit.ly/1zuayHU (Edité par Matthieu Protard)

Valeurs citées dans l'article : CLUB MEDITERRANEE, Fosun International Limited