L'Union européenne "pourrait et devrait" retarder la mise en œuvre de certaines règles en matière de capital bancaire si les États-Unis tardent à mettre en œuvre l'ensemble des règles de Bâle III, a déclaré mercredi François Villeroy de Galhau, responsable de la politique de la BCE.

Le président Emmanuel Macron et d'autres responsables français se plaignent depuis longtemps que les banques américaines n'appliquent pas les règles de Bâle III sur les fonds propres après la crise financière, ce qui place leurs rivales européennes dans une situation désavantageuse sur le plan de la concurrence.

M. Villeroy, qui est à la tête de la banque centrale française, a déclaré que les régulateurs américains s'étaient engagés, pas plus tard que ce mois-ci, à mettre en œuvre "pleinement et fidèlement" les règles internationales de Bâle III sur les fonds propres minimaux des banques.

"Si, malheureusement, les retards et/ou les différences de contenu sont trop importants, l'Europe pourrait et devrait (...) reporter l'entrée en vigueur, voire ajuster certaines dispositions, en particulier celles concernant les risques de marché", a déclaré M. Villeroy.

Un ensemble de règlements bancaires adoptés par l'UE en décembre permet de retarder l'entrée en vigueur, même si ce n'est pas la meilleure option, a déclaré M. Villeroy lors d'une conférence de presse de l'ACPR, l'autorité française de régulation financière, qu'il dirige également.

Les règles de Bâle III, qui s'appliqueraient aux banques disposant de plus de 100 milliards de dollars d'actifs, remanieraient la manière dont les plus grandes banques gèrent leurs fonds propres, ce qui aurait des répercussions sur leurs activités de prêt et de négociation.

Le mois dernier, M. Macron a appelé à une révision de la manière dont l'UE applique ces règles, déclarant que "nous ne pouvons pas être la seule zone économique au monde à les appliquer". (Reportage de Leigh Thomas et Mathieu Rosemain, édition de Sriraj Kalluvila)