Bonduelle a récemment publié ses résultats trimestriels. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ceux-ci sont encourageants : le chiffre d’affaires sur les trois premiers mois de l’année est grimpé à 421 millions d’euros, soit une hausse de près de 15%. Interrogé sur la spécificité de cette progression qui provient essentiellement de l’Europe occidentale, fait rare dans le secteur de l’industrie, Christophe Bonduelle a expliqué la raison de ce dynamisme. En fait, « L’acquisition de la société France Champignon, le deuxième acteur mondial sur le marché du champignon avec près de 200 millions de CA, déforme la réalité ». Une fois cette croissance externe écartée, Bonduelle est à peu près stables dans l’Union Européenne et en forte croissance (8%) en dehors de l’UE.

Cette croissance, Bonduelle l’a doit à sa capacité d’adaptation face aux évolutions des goûts des consommateurs. Bien que la conserve demeure le cœur historique de la société (la première boite de conserve fut crée en 1926), notre baron a du affirme qu’«il y a tout à fait moyen d’innover en conserve avec des produits révolutionnaires ». Cette stratégie de diversification, Bonduelle l’opère depuis 40 ans déjà avec le surgelé et depuis une quinzaine d’année avec le frais (produits snacking, salade en sachet, traiteur), secteur qui a connu une croissance de 10% sur le premier trimestre.

Face à la sécheresse, Bonduelle reste serein
La situation de crise liée à la sécheresse qui sévit actuellement ne semble inquiéter outre mesure notre baron. Confiant, il explique que Bonduelle « essaie de ne pas mettre tous [ses] légumes dans le même panier ». La stratégie du groupe pour lutter contre les aléas climatiques consiste à répartir le risque en cultivant ses légumes dans des régions au climat différent. « Nous sommes confrontés à une sécheresse dans le Nord pas de Calais, à l’inverse la Hongrie, le Canada et la Russie sont sous l’eau alors que le sud ouest va très bien » analyse Christophe Bonduelle.

Perspectives
Bonduelle bénéfice d’une forte croissance géographique. Le groupe réalise en effet ¼ de son chiffre d’affaires en dehors de l’Union européenne. Les axes de développement visent le renforcement en Europe orientale et en Amérique du Nord. Christophe Bonduelle ne manque pas l’occasion de signaler que « En Russie, Bonduelle est aussi connu que Coca-Cola ».

Concernant l’Amérique de Nord, le groupe tente une nouvelle aventure au Brésil avec l’usine inaugurée en septembre. Il s’agit là d’une stratégie inédite. Considéré jusque là comme un produit de luxe, Bonduelle entend rompre avec ce positionnement haut de gamme et mettre en place un nouveau business model. En implantant une usine sur place, le groupe espère en effet toucher les classes moyennes avec des prix plus bas permis par des coûts de transport moindres.

Enfin, notre baron ne cache pas ses ambitions asiatiques : « La Chine représente 20% de la population mondiale mais seulement 10% de la surface agricole mondiale. A court terme, elle peut nous gêner voir nous concurrencer sur tel ou tel produit ; mais à long terme, à mesure que le marché intérieur augmente, la Chine deviendra importatrice de produits alimentaires ». Pas de doute que Bonduelle sera alors là pour leur fournir ses légumes !

Pauline Raud