Le rachat engagé par Blackstone du producteur d'énergie américain va peut-être créer des tensions entre nos deux influents barons, Stephen Schwarzman, dirigeant du fonds de capital-investissement, et Carl Icahn. La hache de guerre a été déterrée par ce dernier, qui a mis la main sur 9,95% des actions Dynegy, pour 57,5 millions de dollars.

Icahn a en fait profité de l'aubaine d'un titre en chute libre (à 4,84 dollars au 12 octobre), qui a perdu 48% depuis le début de l'année. Seul problème, l'offre de Blackstone sur Dynegy, de 4,7 milliards de dollars, ne valorise l'action qu'à 4,50 dollars. Pour faire court, si Blackstone emporte le morceau, Icahn aura fait une mauvaise affaire, en achetant des actions beaucoup trop chères pour espérer faire un bénéfice à la revente.

C'est pourquoi notre tycoon a haussé le ton, prévenant avoir acheté ses actions « avec la conviction qu'elles étaient sous-évaluées ». Dans la foulée, Icahn a considéré que « les termes de l'accord de fusion proposés par Blackstone ne sont pas corrects ». L'autre grand actionnaire de Dynegy, le hedge fund Seneca Capital (9,3% du capital), s'est également dit opposé à l'offre faite par Stephen Schwarzman.

Carl Icahn adopte une nouvelle fois sa stratégie préférée : rentrer massivement dans le capital d'une entreprise en difficulté, la forcer à faire des choix de rentabilité, et revendre ses titres une fois la cible rendue plus présentable. Chez Yahoo! ou Genzyme, on peut en témoigner !

Mais le hic est que la proposition de Blackstone est plutôt bien considérée par le management de Dynegy : 4,7 milliards de dollars et la revente au groupe NRG de quatre centrales pour 1,36 milliard. Le PDG du producteur d'énergie, Bruce Williamson, a ainsi vanté une transaction offrant aux actionnaires « une prime significative (...) tout en supprimant le risque associé à la volatilité des prix des matières premières ».

Les actionnaires sont appelés à se prononcer sur l'offre de Schwarzman le 17 novembre. D'ici là, nul doute que nos deux avisés hommes d'affaires vont se livrer une farouche bataille : Icahn pour faire un bénéfice à la revente de ses titres (ce qui ne serait pas le cas avec l'offre actuelle), le patron de Blackstone pour acheter à bon prix une proie séduisante, étant donné le potentiel de hausse des matières premières de l'énergie. Le bras de fer peut commencer...