Washington (awp/afp) - Le Fonds monétaire international a légèrement revu à la hausse mardi sa prévision de croissance pour la zone euro en 2018 à 2,4%, mais sans y voir pour l'instant de raison pour la BCE de changer sa politique monétaire.

"Nous avons observé l'an dernier une croissance impressionnante en zone euro, au-delà de ce qui était attendu", s'est félicité le chef économiste du FMI, Maurice Obstfeld, lors d'une conférence de presse à Washington à l'occasion de la publication des prévisions de printemps de l'institution.

Le FMI s'attend désormais à une croissance de 2,4% en 2018 (+0,2 point par rapport à la dernière prévision de janvier) et de 2,0% en 2019 (inchangé par rapport à janvier).

"Si vous regardez ce qu'il s'est passé au cours du premier trimestre 2018, il semblerait qu'il y ait toujours de l'expansion, mais il n'est pas clair si cela va produire des changements matériels sur le cours de l'inflation pour lui faire atteindre son objectif", a-t-il ajouté.

"Je ne pense pas que l'on puisse en déduire une tendance", a-t-il affirmé. "Je ne me prononcerai pas aujourd'hui sur ce que la BCE devrait faire à ce stade", a-t-il ajouté, rappelant l'indépendance de la Banque centrale européenne.

L'institution basée à Washington estime que la politique monétaire généreuse de la BCE doit perdurer "jusqu'à ce que l'inflation augmente durablement" vers l'objectif de près de 2% que s'est donnée la Banque centrale européenne.

Le FMI prévoit une inflation de 1,5% en 2018 et de 1,6% en 2019 pour la zone euro.

Dans le détail, l'institution rehausse sa prévision de croissance 2018 pour l'Allemagne (2,5%, +0,2 point), la France (2,1%, +0,2), l'Italie (1,5%, +0,1) et l'Espagne (2,8%, +0,4).

Ces prévisions reflètent "une demande intérieure plus forte que prévu dans l'ensemble de l'union monétaire, une politique monétaire accommodante et l'amélioration des perspectives de la demande extérieure", détaille le FMI.

Comme d'habitude, M. Obstfeld a appelé Berlin à réduire ses excédents. "Il y a de la place pour plus d'investissements productifs dans les infrastructures et pour plus d'investissements privés qui conduiraient à une réduction des comptes courants très excédentaires" de l'Allemagne, a-t-il affirmé.

L'institution insiste sur la nécessité de réduire les prêts non performants ("non performing loans" ou NPL) en zone euro afin "d'effacer les héritages de la crise", mais aussi de conclure l'union bancaire, qui reste pour elle "une priorité".

Le FMI constate que les réformes structurelles nécessaires à ses yeux varient selon les pays, l'Espagne devant par exemple se concentrer sur le marché du travail, l'Italie sur les accords salariaux et l'Allemagne sur la déréglementation des services.

Hors zone euro, le Royaume-Uni, amené à quitter l'Union européenne dans un an, voit lui aussi sa perspective de croissance augmenter légèrement cette année, à 1,6% (+0,1 point).

La croissance britannique pourrait ensuite ralentir à 1,5% en 2019, car les investissements des entreprises devraient "demeurer faibles, compte tenu de l'incertitude accrue" liée au Brexit.

A moyen terme, le FMI anticipe pour le Royaume-Uni une croissance de 1,6%, "reflétant l'augmentation attendue des obstacles au commerce et la baisse des investissements directs étrangers à la suite du Brexit".

afp/rp