par Ilona Wissenbach

HERRENBERG, Allemagne, 10 novembre (Reuters) - La situation économique dans la zone euro est "critique", a estimé lundi Yves Mersch, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), qui appelle les Etats membres de l'Union économique monétaire à prendre des mesures pour y remédier.

S'exprimant lors d'un discours tenu à Herrenberg, ville située non loin de Stuttgart, en Allemagne, il a ajouté que cette dernière, première économie de la zone euro, était cette fois également concernée par le ralentissement de la reprise.

"La situation économique est critique, la croissance est faible et l'inflation inhabituellement basse. L'économie a perdu son élan", a déclaré Yves Mersch.

"La reprise modérée est très lente (...) après d'autres crises passées, elle avait été beaucoup plus rapide et marquée".

Dimanche, Benoît Coeuré, un autre membre du directoire de la BCE, a dit craindre de voir l'économie de la zone euro tomber dans une spirale auto-entretenue de perte de dynamique de croissance, répétant que l'institution de Francfort se tenait prête à agir si nécessaire.

A l'issue de sa réunion monétaire de novembre, la BCE a laissé la porte ouverte à de nouvelles mesures de soutien au cas où ses outils actuels ne seraient pas suffisants ou dans l'éventualité d'une nouvelle détérioration des perspectives d'inflation.

Yves Mersch a de son côté déclaré que la BCE pouvait étendre son programme de rachats de titres de dettes privées aux obligations souverraines si la situation économique devait encore se détériorer davantage.

"C'est une possibilité théorique. Il serait irresponsable de ne pas envisager toutes les options", a-t-il ajouté.

La probabilité d'achats de dettes souveraines par la Banque centrale européenne (BCE) s'établit toujours à 50% selon les intervenants du marché monétaire interrogés par Reuters après la réunion monétaire de jeudi dernier.

Mais, comme Benoît Coeuré, Yves Mersch a insisté sur le fait qu'il appartenait surtout aux Etats de la zone euro, et non à la BCE, d'agir.

"La faiblesse de la croissance que nous observons partout est une signe de la nécessité de plus de mesures à travers la zone euro", a-t-il souligné, mettant notamment l'accent sur l'importance de "réformes structurelles", une expression qui, entre autres, sous-entend une plus grande flexibilité du marché du travail.

Les chiffres du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro au troisième trimestre, attendus vendredi, devraient confirmer la mauvaise passe que traverse la région depuis l'été. L'Espagne, revenue de loin, a déjà annoncé une croissance raisonnable de 0,5% mais ses partenaires seront loin du compte.

L'Allemagne est ainsi au bord de la récession en raison de la faiblesse des économies de ses principaux partenaires, a dit lundi le président de l'institut d'études économiques Ifo dans le cadre d'un entretien à Reuters. (Benoit Van Overstraeten pour le service français)