RYAD (Reuters) - La coalition sous commandement saoudien qui intervient militairement au Yémen contre les Houthis a fait savoir qu'elle suspendrait à compter de mercredi les opérations militaires dans le pays afin de contribuer à la création d'une atmosphère positive durant le ramadan, mois sacré pour les musulmans.

Cette décision, rapportée mardi par l'agence de presse officielle saoudienne SPA, vise à favoriser les discussions menées par les Nations unies pour trouver une issue au conflit.

Elle a été annoncée après la tenue mardi d'une journée de discussions sur un possible allègement du blocus maritime et aérien des zones tenues par les Houthis, selon des sources au fait de la question.

Le mouvement chiite Houthi, aligné sur l'Iran et qui combat depuis sept ans une coalition militaire emmenée par l'Arabie saoudite, a annoncé qu'il ne participerait pas à ces discussions mais a qualifié de positive l'initiative de l'Onu.

Des groupes alliés à l'Arabie saoudite devaient en revanche être présents à Ryad.

Le ramadan commence le week-end prochain.

Le plan élaboré par l'émissaire de l'Onu pour le Yémen, Hans Grundberg, est soutenu par les Etats-Unis et d'autres puissances occidentales, ont dit les deux sources.

Ismini Palla, porte-parole de Hans Grundberg, a refusé de détailler le plan de l'émissaire, déclarant simplement qu'il s'agissait d'aboutir à une pause plus que nécessaire dans les combats pour les Yéménites, confrontés à une grave crise humanitaire.

"L'émissaire poursuit ses discussions avec toutes les parties et les appelle toutes à s'engager de manière constructive pour parvenir d'urgence à une trêve", a-t-elle dit dans un communiqué.

Les pourparlers à Ryad se déroulent officiellement sous l'égide du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et devraient durer plus d'une semaine. Les Houthis ont dit qu'ils n'accepteraient de discuter que dans un pays neutre.

QUATRE PÉTROLIERS ATTENDENT AU LARGE D'HODEIDAH

D'après les sources, le plan onusien porte sur un cessez-le-feu d'un mois qui permettrait en contrepartie l'arrivée de pétroliers à Hodeidah, port tenu par les Houthis, et la remise en service de l'aéroport de Sanaa pour quelques vols commerciaux.

A la date de dimanche, quatre pétroliers attendaient encore de pouvoir décharger leurs cargaisons au large du port d'Hodeidah, l'un d'eux étant bloqué depuis près de trois mois dans des eaux contrôlées par la coalition saoudienne, montrent des données de l'Onu.

Les autorités saoudiennes et leur coalition, intervenues au Yémen en 2015 après le renversement par les Houthis d'un gouvernement qu'elles soutenaient, n'ont pas répondu aux demandes de commentaires.

L'Onu et les Etats-Unis tentent depuis des mois de parvenir à une trêve permanente mais leurs efforts butent sur le calendrier de mise en oeuvre de leurs propositions.

Les Houthis réclament que la coalition saoudienne fasse le premier pas en levant ses restrictions sur les ports qu'ils contrôlent et sur l'aéroport de Sanaa alors que Ryad et ses alliés souhaitent des mesures simultanées.

Les Houthis ont intensifié ces derniers mois leurs attaques à l'aide de drones et de missiles contre des installations pétrolières saoudiennes. Ils ont notamment déclenché un immense incendie vendredi en frappant des sites de stockage près de Djeddah.

La coalition saoudienne a riposté dimanche en bombardant Hodeidah et Sanaa, faisant huit morts dont cinq femmes et deux enfants.

Les Houthis ont néanmoins annoncé samedi une initiative unilatérale avec la suspension de leurs attaques transfrontalières et de leurs offensives terrestres au Yémen pendant trois jours.

Les deux camps discutent aussi d'un échange portant sur plusieurs centaines de prisonniers, dont 16 Saoudiens et un frère du président du Yémen.

(Reportage Aziz El Yakoubi, avec Alaa Swilam au Caire; version française Bertrand Boucey, édité par Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian)

par Aziz El Yaakoubi