Wendel négocie actuellement avec les créanciers de Materis afin de rééchelonner jusqu'en 2016 la dette de sa filiale.

Materis compte de 1,4 à 1,5 milliard d'euros de dette senior et 400 millions d'euros de dette dite "Mezzanine".

"Nous n'avons aucun projet de démanteler Materis", a indiqué Frédéric Lemoine en réponse à des rumeurs de marché, ajoutant néanmoins que Wendel pourrait "tirer parti d'une offre attractive sur une des activités".

Le dirigeant a insisté sur le fait que Wendel ne cèderait qu'une seule des quatre activités de Materis, a savoir, soit les aluminates, les adjuvants, les mortiers ou les peintures.

Wendel, déjà très largement exposé au secteur de la construction en Europe, exclut par ailleurs d'injecter de nouveaux fonds dans Materis car le groupe souhaite investir dans d'autres pans de l'économie.

"Quand la situation financière d'une société le réclame, et nous l'avons déjà fait, nous réinjectons des fonds mais en l'occurrence, ce n'est pas techniquement le sujet et nous n'avons pas l'intention de le faire avec Materis."

Wendel a déjà recapitaliser Materis en 2009 lors d'une première renégociation de la dette de l'entreprise, alors lourdement impactée par la récession.

Pour Frédérique Lemoine, Materis est une entreprise dont les comptes sont sains mais qui compte une dette importante.

"C'est une entreprise de deux milliards d'euros de chiffres d'affaires avec un EBITDA (excédent brut d'exploitation) d'environ 260 millions d'euros", estimé en 2011, a-t-il indiqué, rappelant que Materis avait atteint 8% de croissance organique sur la même période.

Wendel est prêt à accepter une hausse significative des intérêts que Materis paiera sur sa dette, a-t-il expliqué.

"Aujourd'hui, nous sommes prêts à accepter des marges de 400 à 450 points de base et cela représente une augmentation significative pour les prêteurs", a-t-il indiqué, ajoutant que deux tiers de ces derniers soutenaient ses propositions.

"Si les prêteurs veulent leur augmentation de marge, il faut que nous arrivions à un accord relativement rapidement, c'est-à-dire à la fin de ce semestre", a-t-il indiqué, jugeant par ailleurs que certains de ces créditeurs s'étaient montrés "gourmands".

Le tarissement actuel du crédit bancaire et le ralentissement économique rappellent à certains observateurs du secteur du capital investissement la situation de 2008-2009 où certaines entreprises rachetées par effet de levier avaient eu du mal à se refinancer.

APPROCHE QUALITATIVE SUR LA DETTE

Concernant la dette de Wendel proprement dite, Frédéric Lemoine a indiqué que les grandes opérations de refinancement menées depuis 2009 avaient porté leurs fruits et que le niveau de dette du groupe était à présent à un niveau approprié par rapport à ses actifs.

Du début 2009 au 22 novembre 2011, la dette brute de Wendel est passé de 8,445 milliards d'euros à 4,736 milliards d'euros pour un actif brut réévalué de 8,791 milliards.

"Nous sommes plutôt sur des sujets qualitatifs d'optimisation : le coût, la maturité, les mécanismes d'appel de marge", a-t-il jugé.

"Fondamentalement, nous n'avons pas de projets d'émissions obligataires aujourd'hui", a-t-il ajouté.

Dans ce contexte, Wendel n'est pas particulièrement pressé de vendre la participation de 5,8% qui lui restent reste dans le groupe Legrand mais pourrait le faire pour financer de nouveaux projets.

"Si nous avons plusieurs très belles opportunités d'investissement, nous pourrions être amenés à sortir de Legrand", rajoutant qu'à terme Wendel n'avait pas vocation à rester au capital du spécialiste des infrastructures électriques.

"Après 2015, il est plutôt probable que nous ne soyons plus au capital de Legrand", a-t-il ajouté.

Après des années marquées par des cessions d'actifs et une restructuration financière douloureuse, Wendel a annoncé en mars avoir repris le chemin des acquisitions avec le rachat de l'entreprise de location de véhicules Parcours.

"Avec Parcours, nous voulons déployer une stratégie d'européanisation d'une société de services française en rachetant des leaders dans différents pays européens, un peu à la manière dont Wendel avait accompagné Cap Gemini", a-t-il expliqué.

Wendel a aussi racheté en 2011 Mecatherm, le leader mondial des équipements pour la boulangerie industrielle.

édité par Jean-Michel Bélot

par Julien Ponthus et Alice Cannet