FRANCFORT, 21 janvier (Reuters) - Charger les banques centrales de nouvelles tâches, tout en les poussant à mener des politiques monétaires plus agressives, risquent d'entraîner une série de dévaluations compétitives, a déclaré lundi Jens Weidmann, membre du conseil de gouvernance de la BCE, évoquant les pressions exercées sur la Banque du Japon.

Le président de la Bundesbank est le dernier d'une longue liste de responsables politiques dans le monde ayant évoqué le risque d'une "guerre des devises", alors que les banques centrales injectent massivement des liquidités pour soutenir leurs économies, affaiblissant leur devise par la même occasion.

Il a précisé que les pressions exercées par le nouveau gouvernement japonais sur la Banque du Japon afin qu'elle mène une politique d'assouplissement monétaire plus agressive menaçait l'indépendance de la banque centrale, tout comme les pressions exercées par le gouvernement hongrois.

"On constate déjà des violations inquiétantes, par exemple en Hongrie et au Japon, où le nouveau gouvernement interfère massivement dans les affaires de la banque centrale en faveur d'une politique monétaire plus agressive et menace de mettre fin à l'autonomie de la banque centrale."

"L'une des conséquences, intentionnelle ou pas, pourrait être en outre une politisation accrue des taux de change", a ajouté le président de la banque centrale allemande dans un discours pour des Voeux de l'opérateur de marché Deutsche Börse.

"Jusqu'à présent, le système monétaire international a traversé la crise sans dévaluation compétitive et j'espère beaucoup que cela restera le cas", a ajouté Jens Weidmann.

MENACE POUR L'INDÉPENDANCE

Par ailleurs, le projet de supervision des banques européennes par la Banque centrale européenne (BCE) s'inscrit dans le cadre d'une tendance à accorder des tâches aux banques centrales au-delà de leur mandat de base, a-t-il poursuivi.

"Mais il est clair que ce n'est pas en surchargeant les banques centrales de tâches et d'attentes que l'on arrivera à surmonter la crise de façon durable", a-t-il dit. "La meilleure manière pour les banques centrales de protéger leur indépendance est d'adopter une interprétation étroite de leur mandat."

Ces remarques font échos à d'autres, notamment celles qui ont été faites ce mois-ci par James Bullard, haut responsable de la Réserve fédérale américaine, qui visaient notamment la BCE.

Lui aussi jugeait que les banques centrales sacrifiaient une partie de leur indépendance en s'engageant dans des politiques quasi-budgétaires pour tenter de réparer les dégâts causés par la crise financière mondiale. (voir )

Le président de la Bundesbank s'est montré pessimiste lundi quant aux perspectives pour les Etats-Unis et la zone euro de régler rapidement leurs problèmes d'endettement, déclarant que ce n'était "pas une question de mois, ni de quelques années".

Il s'est en revanche montré plus optimiste sur les perspectives de l'économie allemande, déclarant que, même si elle était "sans vigueur" au premier trimestre, elle se redresserait de façon notable plus tard dans l'année. (Juliette Rouillon pour le service français, édité par)