BERLIN, 17 mars (Reuters) - L'Italie ne doit pas compter sur la Banque centrale européenne (BCE) pour racheter ses obligations souveraines si ses coûts d'emprunt augmentent du fait de propos tenus par ses responsables politiques, avertit le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, dans une interview publiée ce week-end par la presse allemande.

Beppe Grillo, l'humoriste anti-establishment devenu incontournable depuis les élections législatives de fin février, s'est prononcé pour un référendum sur une sortie de la zone euro tandis que l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi accuse l'Allemagne d'imposer un "diktat" à ses partenaires.

"Si des acteurs politiques importants de l'Italie évoquent une marche arrière dans les réformes ou une sortie de l'union monétaire, et que cela a pour résultat de faire monter les rendements des obligations souveraines de l'Italie, ceci ne peut et ne doit pas être un motif pour que la banque centrale intervienne", affirme Jens Weidmann dans l'interview accordée au magazine Focus.

Le président de la Buba, qui à ce titre siège au conseil des gouverneurs de la BCE, ajoute que chaque pays doit assumer ses responsabilités.

Dans l'interview, il répète que la crise de la zone euro n'est pas finie et ne le sera que lorsque les problèmes structurels des différents pays - manque de compétitivité et endettement élevé - auront été réglés.

"L'impression qu'on a d'un retour à la normale juste parce que la situation s'est calmée sur les marchés financiers est trompeuse et problématique", assène-t-il.

Pour Jens Weidmann, l'idée qu'on puisse alléger la dette par une hausse de l'inflation est dangereuse. "Si vous laissez filer l'inflation, vous ne pourrez plus la maîtriser", dit-il.

Il met en garde contre une sous-estimation des risques à moyen et long terme sur la stabilité et ajoute que la BCE n'hésitera pas à durcir sa politique monétaire au moment opportun.

Le patron de la Bundesbank s'inquiète aussi de voir l'indépendance des banques centrales de plus en plus remise en question par des pressions politiques. "Cette tendance à une ingérence politique croissante ne se limite pas à la zone euro, c'est un phénomène mondial", observe-t-il. (Sarah Marsh, Véronique Tison pour le service français)