* Echec d'un tir de missile nord-coréen

* De nouveaux missiles présentés samedi au défilé à Pyongyang

* Le vice-président américain Mike Pence en visite à Séoul

par Lucia Mutikani et Sue-Lin Wong

WASHINGTON/PYONGYANG, 16 avril (Reuters) - Les Etats-Unis et leurs partenaires, y compris la Chine, étudient un éventail d'options après le dernier test de missile balistique effectué par la Corée du Nord, a déclaré dimanche le conseiller américain à la sécurité nationale.

Selon Herbert Raymond McMaster, un consensus existe pour agir face au régime de Pyongyang.

"Ce dernier test s'inscrit dans un schéma de comportement provocateur, déstabilisateur et menaçant de la part du régime nord-coréen", a déclaré le général McMaster dans l'émission "This Week" de la chaîne ABC.

"Il existe aujourd'hui un consensus international, qui inclut la direction chinoise, selon lequel cette situation ne peut tout simplement pas perdurer", a-t-il ajouté.

H.R. McMaster a précisé que le président Donald Trump avait demandé à son conseil de sécurité nationale de coordonner les efforts des départements d'Etat et de la Défense et des agences de renseignement pour mettre au point des options "au cas où ce comportement perdure et que le régime nord-coréen refuse la dénucléarisation".

Dans un tweet, Donald Trump a dit de son côté qu'il avait adopté une ligne plus modérée vis-à-vis de la Chine sur les questions de change pour faciliter la coopération de Washington et Pékin en vue de résoudre le "problème" nord-coréen.

"Pourquoi traiterais-je la Chine de manipulateur de changes alors qu'elle travaille avec nous sur le problème nord-coréen? Nous verrons ce qu'il se passe", a écrit le président américain.

PYONGYANG "MENACE LE MONDE ENTIER", DIT SÉOUL

Selon le commandement Pacifique de l'armée américaine, le missile tiré dimanche par la Corée du Nord a explosé en vol presque immédiatement.

Quelques heures plus tard, le vice-président américain Mike Pence est arrivé en Corée du Sud pour des discussions sur le programme nucléaire de Pyongyang.

Il s'agirait, au vu des premiers éléments, d'un missile de moyenne portée, dont le parcours a tourné court au bout de quatre à cinq secondes seulement, a déclaré un conseiller en politique étrangère de la Maison blanche voyageant avec Mike Pence à bord d'Air Force Two.

"Nous n'avons pas besoin d'accroître les ressources face à cela... Nous n'avons pas été surpris, nous nous y attendions", a dit à la presse ce conseiller.

Séoul, via son ministère des Affaires étrangères, a estimé qu'il s'agissait d'une "démonstration de force qui menace le monde entier" et brandi la menace de sanctions au cas où Pyongyang effectuerait un nouveau lancement de missile à longue portée ou un nouvel essai nucléaire.

Cette tentative de la Corée du Nord intervient au lendemain d'un défilé militaire géant organisé à Pyongyang, sa capitale, pour le 105e anniversaire de la naissance de son fondateur Kim Il-sung, lors duquel ont été présentés ce qui ressemble à de nouveaux missiles balistiques de longue portée.

Mike Pence a entamé dimanche dans la capitale sud-coréenne une tournée de dix jours en Asie. Les conseillers disent qu'il faut y voir un signe de l'engagement de Washington envers son allié sud-coréen alors que la tension monte dans la péninsule.

S'adressant, lors d'un service religieux à l'occasion de Pâques, à des militaires américains stationnés en Corée du Sud, Mike Pence a assuré que l'engagement de Washington au côté de Séoul ne faiblissait pas.

"Je vous assure que sous la direction du président Donald Trump, notre détermination n'a jamais été aussi forte. Notre engagement en faveur de cette alliance historique, au côté du courageux peuple de Corée du Sud, n'a jamais été aussi forte."

REX TILLERSON PARLE CORÉE AVEC YANG JIECHI

De son côté, le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, a évoqué au téléphone la situation dans la péninsule coréenne avec le conseiller d'Etat chinois Yang Jiechi, qui a la haute main sur la politique étrangère chinoise.

Les spécialistes s'étaient demandé si le régime dynastique de Kim Jong-un à Pyongyang allait profiter de la journée anniversaire du 15 avril pour lancer un missile balistique ou effectuer un sixième essai nucléaire.

Donald Trump, selon qui le problème de la Corée du Nord sera "traité", a ordonné au groupe aéronaval USS Carl Vinson, qui comprend un porte-avions à propulsion nucléaire, de faire route vers la péninsule coréenne. [http://tmsnrt.rs/2p1yGTQ ]

La Corée du Nord a fait savoir qu'elle n'hésiterait pas à effectuer une frappe nucléaire contre les Etats-Unis en cas de provocation. Elle a dit qu'elle avait développé un missile susceptible d'atteindre le territoire américain mais les experts estiment que le pays a encore besoin de temps pour maîtriser la technologie nécessaire.

Allié traditionnel de la Corée du Nord, la Chine, que Donald Trump exhorte à faire pression sur Pyongyang, s'est prononcée contre les tirs expérimentaux de missiles et les essais nucléaires de son petit voisin, et elle soutient les sanctions de l'Onu. De nouveau, vendredi, elle a préconisé des négociations pour désamorcer la crise.

La Chine a interdit le 26 février toute importation sur son sol de charbon nord-coréen, empêchant ce pays d'écouler son produit d'exportation phare.

A Pyongyang, l'agence de presse officielle KCNA n'a pas mentionné l'échec du tir de fusée.

Interrogé à ce sujet, Rim Chung Ryol, un ouvrier de 30 ans a déclaré à Reuters: "Si c'est un échec, alors l'échec est la mère du succès." (Avec Roberta Rampton et Ju-min Park in Séoul, Joseph Campbell et Philip Wen à Dandong, Christian Shepherd à Pékin, Daniel Trotta à New York et Caren Bohan à WASHINGTON; Danielle Rouquié, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)