Wall Street a franchement lâché prise en seconde partie de séance après s'être raccroché initialement à quelques chiffres conjoncturels supérieurs ou égaux aux anticipations.

Le Département du Commerce avait annoncé vendredi après-midi que le PIB américain avait progressé de 3,2% au premier trimestre (en estimation préliminaire) alors que les économistes tablaient sur une hausse de l'ordre de 3,3% (bien loin du rythme de 5,6% observé au quatrième trimestre 2009).

'La reprise devrait se poursuivre dans les trimestres à venir, mais à un rythme plus modéré qu'au 1er trimestre, c'est-à-dire entre 2% et 3%', estimait un économiste.

Coté 'bonnes surprises', l'indice PMI de Chicago était ressorti à 63,8 en avril, contre 58,8 en mars, tandis que l'indice de confiance de l'Université du Michigan avait été révisé en hausse à 72,2 en avril.

Ces chiffres favorables avaient permis à Wall Street de se maintenir à l'équilibre jusqu'à la mi-séance... avant que l'effet Goldman Sachs (-9,4% au final) et le plongeon de certaines 'technos' ne submergent la tendance avec un puissant afflux d'ordres de vente.

L'indice Dow Jones a perdu 1,42% à 11.008 (soit -1,2% sur la semaine), le Standard & Poor's lâchait -1,65% à 1.186 (soit -2,5% hebdo) et que le Nasdaq Composite s'enfonçait de -2%... affichant un recul de -2,7% en 5 séances (mais le bilan mensuel d'avril restait largement positif (+2,5%).

Le catalyseur de la chute de Wall Street vendredi demeurait l'ouverture d'une enquête criminelle au pénal par le procureur général de New York à l'encontre de Goldman Sachs et certains de ses employés (dont un français, Fabrice Tourré), après les accusations de fraude portées par la SEC il y a deux semaines.

La banque d'affaires la plus influente des Etats Unis est soupçonnée d'avoir commis de graves manquement au devoir d'information de ses clients dans le cadre de ses activités de courtage sur les dérivés complexes de crédits hypothécaires (un de ses partenaires -le fonds Paulson & Co- aurait parié sur l'effondrement des 'packages' de CDO 'originés' par Abacus... et certains d'entre eux ont effectivement perdu 99% de leur valeur !).

Merrill Lynch annonçait vendredi avoir abaissé sa recommandation sur Goldman, d'achat à neutre.
Warren Buffet continue de son côté de se féliciter d'avoir investi dans Goldman Sachs (qui vient de perdre 20Mds$ de capitalisation boursière en moins de 15 jours) au plus fort de la crise en octobre 2008 et soutient à 100% son PDG Lloyd Blanckfein.

D'autres banques de 1er plan ont chuté dans le sillage de 'GS', à l'image de JP-Morgan (-3,3%), Bank of America (-2,5%) ou Morgan Stanley (-3,5%): l'indice S&P des financières a ainsi chuté de 2,5% et contribué à hauteur des deux tiers au recul du NYSE.

Les semi-conducteurs -qui venaient de beaucoup progresser au cours du mois d'avril- ont subi de lourds dégagement: Intel a chuté de -2,8%, son rival Advanced Micro Devices a dévissé de 6,8%, Micron Technology de -8,4%... et MEMC Electronic Materials s'est effondré de -19% sous les 13$ (l'indice Soxx des semi-conducteurs affichait un repli de -4,55%).

Alors que la marée noire dans le golfe du Mexique s'avère 3 fois plus étendue qu'estimée initialement -sans espoir d'un rapide tarissement de la source de pollution-, Barack Obama se rend en Louisiane pour mesurer l'importance des dégâts (les moyens techniques pour stopper la marée noire apparaissent dérisoires).

La Maison blanche devrait bloquer tous les nouveaux forages offshore aux Etats-Unis ce qui a plombé les parapétrolières: Anadarko a plongé de -7,6%, Halliburton et Peabody Energy de -2,9%... et l'indice PHLX des services pétroliers a reculé lui aussi de 2,9%.

Petit éclair de lumière dans un tableau particulièrement sombre, le constructeur de maisons individuelles D.R. Horton s'adjugeait plus de 3% après avoir dégagé des bénéfices pour le deuxième trimestre consécutif, confirmant le redressement progressif du marché immobilier américain.

La semaine qui débute sera marquée par une nouvelle déferlante de trimestriels mais l'actulaité rique d'être encore dominée par le feuilleton Goldman Sachs et la question du refinancement de certains Etats menacés de perdre la confiance de leurs créanciers.

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