(Actualisé avec nouveaux commentaires de l'opposition vénézuélienne, Maduro, Onu)

PARIS, 13 septembre (Reuters) - Le gouvernement et l'opposition vénézuélienne auront mercredi une série de discussions en République dominicaine, a annoncé mardi le ministre français des Affaires étrangères qui a de nouveau brandi la menace de sanctions européennes si Caracas n'engage pas rapidement le dialogue.

Le Venezuela connaît une grave crise politique, économique et sociale, sur fond de grandes manifestations qui ont fait plus de 125 morts depuis le mois d'avril.

"J'ai été heureux d'apprendre que le dialogue avec l'opposition allait reprendre demain en République dominicaine", a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, après avoir reçu à Paris son homologue vénézuélien, Jorge Arreaza Montserrat.

Il a précisé que ces discussions se tiendraient sous l'égide du président de la République dominicaine, Danilo Medina, et de l'ancien président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

L'opposition de la Table de l'unité démocratique (MUD) a annoncé l'envoi d'une délégation auprès du président Medina, afin de discuter des conditions de la tenue du dialogue, mais a démenti que des négociations avec le gouvernement vénézuélien soient ouvertes.

"L'invitation de (Medina) ne représente PAS le début d'un dialogue formel avec le gouvernement", a déclaré la coalition d'opposition dans un communiqué. "Pour commencer de sérieuses négociations, nous demandons des actions concrètes immédiates, qui démontrent un réelle volonté de résoudre les problèmes, plutôt que celle de gagner du temps".

Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, un socialiste, appelle régulièrement au dialogue avec l'opposition, qui dénonce des manoeuvres dilatoires. Dans un discours télévisé, il a réitéré mardi son appel et annoncé l'envoi du socialiste Jorge Rodriguez pour représenter le gouvernement en République dominicaine.

L'ancien chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero est en contact depuis plusieurs mois avec le gouvernement et l'opposition vénézuéliens pour favoriser une sortie de crise.

La France est "disposée à accompagner ce dialogue", a dit Jean-Yves Le Drian. Le chef de la diplomatique française a rappelé "la vive préoccupation" de Paris face à la crise politique et économique vénézuélienne, précise le communiqué du Quai d'Orsay.

"RISQUE DE SANCTIONS EUROPÉENNES"

D'autres dirigeants de l'oppositions au Venezuela ont toutefois indiqué ne pas être au courant de discussions qui commenceraient cette semaine.

"A dire vrai, je n'ai aucune information à ce sujet", a déclaré à Reuters Enrique Marquez, président du parti d'opposition Un temps nouveau. Le député d'opposition et secrétaire général du parti Justice d'abord, Tomas Guanipa, s'est dit lui "très surpris".

Un dialogue sous l'égide de José Luis Zapatero et du Vatican en 2016 n'a pas permis de faire droit aux demandes de l'opposition qui réclame la libération des prisonniers politiques et le respect de l'Assemblée nationale, le parlement monocaméral vénézuélien, où elle est majoritaire.

Nombre d'opposants à Maduro estiment que l'opposition est désormais l'otage d'un jeu de dupes et considèrent avec méfiance le rôle d'intermédiaire de José Luis Zapatero.

Le secrétaire général des Nation unies, Antonio Guterres, a exprimé son plein soutien aux discussions.

"Le secrétaire général encourage les acteurs politiques vénézuéliens à saisir cette opportunité de démontrer leur engagement en vue de résoudre les problèmes du pays par la médiation et des moyens pacifiques", a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric.

L'entretien entre les ministres français et vénézuélien des Affaires étrangères, qualifié de "franc", est intervenu au lendemain de l'appel du Haut-Commissaire de l'Onu aux droits de l'Homme à une enquête internationale au Venezuela sur la répression des manifestations dans le pays, qui pourrait constituer selon lui des crimes contre l'humanité.

Des accusations "infondées" et "truffées de mensonges" balayées lundi par Jorge Arreaza Montserrat.

"Je lui ai rappelé le risque de sanctions européennes et la nécessité pour le gouvernement du Venezuela de donner très vite des signes concrets de sa volonté de relancer les négociations avec l'opposition dans le cadre d'une démarche qui soit sincère et crédible", a rapporté Jean-Yves Le Drian à l'issue de l'entretien avec son homologue. (Sophie Louet et John Irish à Paris, Diego Ore avec Brian Ellsworth à Caracas; Danielle Rouquié et Julie Carriat pour le service français)