Je vous remercie de m'avoir invité à ce sommet des affaires. C'est un plaisir d'être le premier président du Conseil européen à participer à cet événement important avec tant d'autres dirigeants. Je voudrais particulièrement remercier la présidence vietnamienne de l'ASEAN pour son aimable invitation au forum.

Nous nous réunissons aujourd'hui dans un contexte unique dans une vie. Quel que soit le pays ou le continent, à l'Est ou à l'Ouest, la COVID-19 a d'immenses répercussions sur nos citoyens et nos économies. Mais je pense que toute crise recèle sont lot d'occasions favorables. Pour surmonter celle-ci, nous devons agir ensemble, sans considération des distances géographiques qui nous séparent. Nous avons tous besoin de partenaires fiables et dignes de confiance.

En ces temps difficiles, nous, l'Union européenne et l'ASEAN, avons besoin les uns des autres pour lutter contre la pandémie, stimuler les échanges commerciaux et l'économie, lutter contre le changement climatique et renforcer notre sécurité.

Vaccins

Le principal défi aujourd'hui, en ce qui concerne la COVID-19, est de trouver un vaccin sûr et efficace. Nous progressons dans cette voie. L'UE est à l'avant-garde dans la recherche d'un vaccin, et l'Europe sera en première ligne pour le mettre à disposition de tous les êtres humains, riches ou pauvres. L'UE conduit les efforts multilatéraux. Grâce à notre campagne de collecte de fonds, 15,9 milliards d'euros ont été promis pour garantir l'accès universel aux vaccins, aux tests et aux médicaments contre le coronavirus. Et près de 12 milliards d'euros ont été promis par l'Union européenne et ses États membres.

Nous continuerons à mobiliser notre expertise et nos ressources dans le cadre du mécanisme COVAX. Nous sommes solidaires avec l'Asie du Sud-Est. Cette année, nous avons mobilisé plus de 800 millions d'euros en matière d'aide sanitaire et économique. Mais nous avons besoin d'une vision et d'un engagement plus larges. C'est la raison pour laquelle je suis favorable à l'idée d'un traité international sur les pandémies. Nous devons améliorer la prévention, la préparation et la riposte au niveau international face à de futures crises sanitaires et pandémies.

Riposte de l'UE

Notre riposte économique est également solide. L'UE a mobilisé plus de 2,3 billions d'euros pour faire face à la crise, dont 1,8 billion pour la relance. Ce que nous visons, ce n'est pas seulement la relance, c'est aussi la transformation de nos économies. Nous voulons qu'elles résistent à l'épreuve du temps. Pour le bien-être de nos citoyens. Je vois deux transitions majeures: une transition écologique et une transition numérique.

Nous devons:

  • protéger notre planète,
  • encourager de nouvelles formes de croissance et d'emploi
  • et renforcer notre résilience à long terme.

Permettez-moi de m'attarder sur les deux volets pour lesquels la coopération avec l'ASEAN est essentielle.

Le premier a trait au numérique. La crise de la COVID-19 a montré l'importance du numérique. Mais bon nombre de défis se posent à cet égard, en matière d'accès aux technologies, de réglementation, de gouvernance des données, de désinformation et de sécurité des communications. Nous devons aussi veiller à ne laisser personne de côté.

Nous devons coopérer sur ces questions. Nous devons apprendre les uns des autres et échanger les meilleures pratiques dans ce domaine. Je suis convaincu que l'UE et l'ASEAN sont un bon exemple de cette coopération.

Permettez-moi simplement de mentionner notre soutien au schéma directeur pour la connectivité de l'ASEAN 2025. Nous devons aussi continuer d'œuvrer ensemble en faveur d'un cyberespace ouvert, sûr, sécurisé et résilient qui soutienne l'économie numérique. Nos ministres poursuivront les travaux sur cette question importante le mois prochain et débattront des prochaines étapes en matière de connectivité.

Le deuxième porte sur le changement climatique. À cet égard, la coopération internationale doit être au cœur des efforts que nous déployons au niveau mondial. L'UE et l'Asie ont montré qu'elles jouaient clairement un rôle moteur.

L'année dernière, l'UE s'est engagée à atteindre l'objectif ambitieux de neutralité climatique à l'horizon 2050. Le mois dernier, le Japon et la République de Corée se sont alignés sur cet objectif. Et la Chine a fixé à l'horizon 2060 son objectif en matière de neutralité carbone. Espérons que dans les mois à venir, les États-Unis nous rejoignent dans cet effort mondial.

L'Union européenne va consacrer un tiers de son plan de relance à la transition écologique. Il s'agit d'un investissement considérable de plus de 500 milliards d'euros. Il y a donc des chances à saisir pour le monde des affaires.

Cette transformation écologique n'aura pas pour seul effet de protéger notre planète. Elle stimulera nos économies, favorisera la croissance et créera de nouveaux emplois et de nouvelles entreprises.

Notre coopération est essentielle et nous sommes prêts à travailler ensemble. Nous contribuerons à hauteur d'au moins 50 % au mécanisme de financement vert de l'ASEAN, doté de 1,2 milliard d'euros. Et nous collaborerons pour parvenir à un pacte vert UE-ASEAN, en unissant nos forces dans les domaines des énergies renouvelables, de la biodiversité et du climat.

Partenaires internationaux

La COVID-19 a durement frappé les économies mondiales. Vous, le monde des affaires, avez été aux premières loges pour constater l'incidence de la pandémie sur l'emploi, les entreprises et la productivité.

Si vous le permettez, je voudrais maintenant dire un mot sur notre coopération économique.

Nous représentons ensemble près de la moitié du commerce mondial de marchandises. Nous avons une responsabilité partagée en ce qui concerne la relance mondiale. Une relance fondée sur des principes et des valeurs communes, des marchés ouverts, un commerce libre et équitable, des conditions de concurrence à armes égales et une sécurité juridique. L'Europe souhaite renforcer son autonomie stratégique tout en restant ouverte aux échanges internationaux.

Qu'entend-on par là? L'autonomie stratégique consiste en la résilience, la préparation et l'anticipation.

La COVID-19 a révélé l'existence de vulnérabilités dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Nous devons veiller à ce que ces chaînes d'approvisionnement restent ouvertes. Nous devons également renforcer la sécurité, la résilience et la diversification des chaînes d'approvisionnement critiques.

L'autonomie stratégique ne relève pas du protectionnisme. L'UE est un acteur mondial de premier rang entretenant de solides relations avec ses partenaires de par le monde, notamment les États-Unis, la Chine et l'Afrique. Avec l'Asie, nos partenariats sont solides et nous voulons les renforcer.

Les accords commerciaux de l'UE avec le Japon, la Corée, le Viêt Nam et Singapour ont fortement stimulé les échanges commerciaux réciproques. Ils contribueront à stimuler la relance de nos économies. Nous négocions actuellement d'autres accords commerciaux en Asie et dans le Pacifique, de la Nouvelle-Zélande et l'Australie à l'Indonésie. Notre ambition est de parvenir à terme à un accord de libre-échange UE-ASEAN.

La coopération économique de l'UE avec l'ASEAN reste dynamique. Avec notre contribution de 14 milliards d'euros, nous avons été le principal investisseur étranger dans l'ASEAN ces dernières années. Et l'UE reste la source du plus grand stock d'investissement direct étranger dans la région.

Cette année, nous souhaitons également conclure un accord de transport aérien. Cela facilitera et sécurisera les déplacements, tout en contribuant à la relance post-COVID.

Multilatéralisme

Enfin, nous ne pourrons atteindre ces objectifs que si nous convenons de règles et les respectons. C'est pourquoi le multilatéralisme est essentiel.

La coopération internationale est le moyen le plus efficace de sauver des vies, face à des menaces allant de la COVID-19 au changement climatique. Cela signifie qu'il faut renforcer les Nations unies, œuvrer à l'efficacité de l'Organisation mondiale du commerce et soutenir l'Organisation mondiale de la santé.

Nous devons renforcer l'ordre international fondé sur des règles et le respect du droit international, de l'Ukraine et la Méditerranée orientale à la mer de Chine méridionale.

Nos économies et nos sociétés sont à ce point liées que la sécurité de l'Asie est indissociable de celle de l'Europe. Nous sommes prêts à jouer notre rôle.

Notre partenariat avec l'ASEAN est au cœur de notre politique en Asie. Il est de toute évidence dans l'intérêt de l'UE que l'ASEAN soit forte. Elle assure la stabilité de la région et constitue un moteur de prospérité pour ses citoyens.

Une ASEAN forte est un partenaire qui partage le même point de vue en matière de multilatéralisme. Nous voulons améliorer encore notre partenariat et le rendre véritablement stratégique.

En ces temps d'incertitude mondiale, notre engagement commun en faveur d'un ordre multilatéral fondé sur des règles et sur le dialogue et la compréhension mutuelle n'a jamais été aussi important et crucial.

L'UE et l'ASEAN partagent un nombre croissant d'intérêts et d'objectifs internationaux mutuels. Nous avons accompli des progrès dans nos relations, et je suis convaincu que nous allons établir un programme ambitieux, promouvoir des liens plus étroits et approfondir encore nos relations. Merci.

La Sté Union européenne a publié ce contenu, le 13 novembre 2020, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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