"Une de vos principales convictions est Royal Dutch Shell. Pourquoi ?
La société sort du lot dans le secteur pétrolier. Elle a su se remettre en cause après son scandale comptable de 2004 (ndlr les pratiques comptables n’étaient pas conformes à standards du secteur et aux exigences de la SEC).
Le management a été changé. La société s’est restructurée et a investi dans des projets rentables eu égard aux capitaux employés qui devraient générer une importante croissance de production. Fin 2010, la société avait près de 45 milliards de dollars de projets d’investissement. La croissance de la production est actuellement d’environ 5-6%.

Un vrai pari a été pris sur la hausse du prix du pétrole sur une hypothèse relativement modeste, de 80 dollars le baril. 

Par ailleurs la société a misé dans le gaz naturel liquéfié. Un important projet au Qatar, appelé Pearl, devrait commencer à être en production et à générer du cash flow.

En outre, elle a su attiser l’intérêt des investisseurs en augmentant son dividende, à plus de 5%.

Quelle est la situation financière de la société ?
Le free cash flow de la partie exploration-production est proche des 12% alors que le reste des acteurs ont un free cash flow situé entre 0 et 10%.
Ceci étant, il est relativement aisé de générer du free cash flow si l’on arrête d’investir. Ce n’est pas le cas de Royal Dutch Shell.
Fin 2011, le ratio d’endettement est attendu inférieur à 15%, ce qui est très faible. Le BPA devrait progresser de 40%.

Quelle est la valorisation de la société ?
Le PE 2011 est à 8 fois les bénéfices, ce qui est globalement le même niveau que Total. Or la société a à ses dispositions des moteurs de croissance plus robustes que le pétrolier français.

Quel est le potentiel de remontée du cours ?
L’action a plutôt bien performé depuis deux ans. Si l’on considère l’action cotée au Pays Bas, le cours est à environ 24 euros. Nous pourrions très bien avoir une revalorisation à 30 euros d’ici 12 mois.

Quels sont les principaux risques qui pèsent sur la valeur ?
La baisse du prix du pétrole consécutive à un ralentissement prononcé de la croissance économique. En outre, le titre est sujet à une mauvaise gestion des gros projets d’investissement. Nous avons pu observer que cela pouvait être un réel problème avec la gestion du projet Kashagan au Kazakhstan par Eni.

Depuis quand détenez vous la valeur ?
Depuis deux ans. C’est notre plus forte exposition sur le secteur pétrolier. Nous sommes surpondérés sur la valeur par rapport à l’indice MSCI Europe.
Parce que le prix du pétrole a été faible récemment, nous avons estimé que nous n’avions pas un bon timing pour augmenter notre exposition.

De quelle manière est-il possible de jouer la valeur ?

Nous pouvons jouer la valeur dans une stratégie européenne et dans une stratégie de conviction ou une stratégie de dividende.
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