FARGO, Dakota du Nord, 1er avril (Reuters) - La seule clinique du Dakota du Nord pratiquant des interruptions volontaires de grossesse a engagé une bataille contre la sévère législation contre l'avortement adoptée la semaine dernière par l'Etat du nord des Etats-Unis.

La Red River Women's Clinic, nichée à l'intérieur d'un bâtiment du centre de Fargo, est la seule à pratiquer des IVG à des centaines de kilomètres à la ronde.

Fin mars, le Dakota du Nord est devenu le premier Etat des Etats-Unis à interdire tout avortement une fois que les premiers battements de coeur du foetus ont été détectés, après six semaines de grossesse environ, et le premier aussi à interdire l'avortement réalisé uniquement en raison d'anomalies génétiques.

Le gouverneur républicain Jack Dalrymple a également approuvé une loi obligeant les médecins qui pratiquent des avortements dans l'Etat à s'affilier à un hôpital autorisant lui-même l'IVG.

En annonçant ces mesures anti-avortement, Jack Dalrymple a reconnu que la constitutionnalité de la loi sur le foetus risquait d'être remise en cause mais il a expliqué qu'il s'agissait, pour l'assemblée de l'Etat, d'une manière d'ouvrir le débat sur les "frontières" de la décision historique 'Roe vs Wade' de la Cour suprême.

Cette décision, prise en 1973, légalise l'avortement jusqu'à ce que le foetus soit "viable" et aucun Etat américain n'interdit actuellement l'avortement avant 18-20 semaines de grossesse. Mais d'autres Etats ont décidé de défier la décision "Roe vs Wade", comme l'Arkansas qui a banni l'IVG après douze semaines de grossesse.

Tammi Kromenaker, directrice de la clinique Red River, reste toutefois confiante en comptant sur les recours déposés contre les nouvelles lois, qui doivent entrer en vigueur le 1er août, par plusieurs organisations comme le Center for Reproductive Rights ou le Planning familial.

"Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour continuer à servir les femmes de cette région", dit-elle. "Je ne vois pas l'avortement disparaître d'ici avant un bon moment." (Alicia Underlee Nelson; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)