LE CAIRE, 22 mars (Reuters) - Un procès collectif de centaines de membres des Frères musulmans s'est ouvert samedi en Egypte mais les débats ont été brusquement écourtés par le juge qui a accusé les avocats de la défense de perturber la séance et de "parler de politique", a-t-on appris de source judiciaire.

Le juge Saïd Youssef Mohamed annoncera son jugement lundi et il a demandé aux avocats des 545 accusés de lui remettre leurs arguments par écrit sous 24 heures, a-t-on précisé de même source, qui a requis l'anonymat.

Seuls 123 accusés étaient présents, les autres ayant été soit relâchés, soit libérés sous caution soit en fuite. La plupart ont été arrêtés lors de violences qui ont éclaté à Minya, en Moyenne-Egypte, après le démantèlement par la force de deux campements des Frères musulmans au Caire le 14 août.

Les partisans de la confrérie manifestaient alors contre le renversement du président issu de leurs rangs, Mohamed Morsi, par les militaires le 3 juillet.

Les prévenus sont poursuivis pour attaque d'un commissariat, agressions et dégradations de biens publics et privés.

Tarek Fouda, président du barreau des avocats de Minya, a déclaré que le président du tribunal s'était "écarté de toutes les normes légales et (avait) enfreint les droits de la défense".

Il a ajouté qu'il adresserait un rapport au ministère de la Justice sur le déroulement de l'audience de samedi.

Le démantèlement des camps des Frères musulmans s'est soldé par des centaines de morts. La confrérie islamiste a été déclarée en décembre organisation terroriste par le nouveau pouvoir mis en place par l'armée et des milliers de ses partisans ont été arrêtés.

Leurs procès sont désormais quasi quotidiens en Egypte mais il est rare qu'autant d'accusés soient jugés simultanément comme cela a été le cas samedi à Minya.

Un autre procès collectif de Frères musulmans doit avoir lieu mardi. Leur chef Mohamed Badie, qui est l'objet de multiples poursuites, sera jugé avec 682 co-accusés mardi pour incitation au meurtre. (Asma Alsharif, avec Mahmoud Mourad; Bertrand Boucey pour le service français)