par Michel Rose

PARIS, 28 janvier (Reuters) - Le ministre iranien du Commerce et de l'Industrie a appelé jeudi les banques françaises à surmonter leurs craintes et à retourner en Iran, très désireux d'attirer les investissements étrangers maintenant que se tourne la page des sanctions internationales.

La frilosité des groupes bancaires français trouve son origine dans l'amende record de neuf milliards de dollars infligée à BNP Paribas par les Etats-Unis en 2014 pour violation d'embargo.

Toute une série d'accords et de contrats commerciaux ont été signés jeudi à l'occasion de la visite à Paris du président Hassan Rouhani. Mais les rencontres avec les représentants de grandes banques françaises comme BNP Paribas et Société générale ne figuraient pas à l'agenda officiel de la délégation iranienne.

Le ministre du Commerce et de l'Industrie Mohammad Reza Nematzadeh, lors d'un forum d'affaires France-Iran, a souligné qu'il n'y avait plus d'obstacles au retour des banques françaises en Iran.

"Si elles ne s'engagent pas, l'activité ne se développera pas", a-t-il prévenu.

Les banques internationales, a-t-il dit, doivent simplement respecter trois conditions pour éviter l'écueil de sanctions américaines: ne pas avoir d'activité via une filiale américaine, éviter d'être en affaires avec des personnes ou des entités figurant sur la liste des sanctions, éviter de mener des opérations à leur terme aux Etats-Unis ("clearing").

"Ces trois conditions sont très claires. S'il vous plaît, prenez ça au sérieux, de notre côté les choses ont commencé", a dit le ministre. "Si les banques ne démarrent pas, nous perdons notre temps."

BNP Paribas s'est refusé à un commentaire. Société générale n'était pas disponible dans l'immédiat.

RÔLE CLÉ DE LA COFACE

"Les banques de premier rang s'en sont pris plein la tête, donc elles ne viendront pas avant une période d'observation", a commenté Cyrus Mobasher, consultant basé à Téhéran, interrogé par Reuters.

De plus petites banques cependant, comme Natixis par exemple, pourraient être davantage désireuses de travailler avec Téhéran, a-t-il ajouté.

Des hommes d'affaires espèrent que la Coface, l'assureur-crédit qui gère pour le compte de l'Etat les garanties publiques destinées à soutenir le développement international des entreprises françaises, pourra contribuer à faire bouger les choses.

Un mémorandum de coopération financière impliquant la Coface a été signé jeudi entre la France et l'Iran.

"C'est primordial que la Coface revienne. Ça va tout faciliter (...) J'espère que ça va prendre assez rapidement", a estimé Cyrus Mobasher.

Mais Josiane Galippe, directrice Développement et International chez Banque SBA, une filière de Banque Libano-Française à Paris, s'est montrée prudente.

"Il y a encore beaucoup de produits ou d'articles qui demeureront pour le moment sous sanction, donc même s'il y a une levée elle ne sera que partielle, et nous ne pourrons pas traiter le financement du commerce de certains produits", a-t-elle déclaré.

"C'est encore trop tôt. Quand on les entend parler aujourd'hui, tout est ouvert. Mais on est encore dans le temps des annonces et nous n'avons pas encore démarré dans la pratique." (Avec Maya Nikolaeva, Dominique Rodriguez pour le service français, édité par Benoît van Overstraeten)

Valeurs citées dans l'article : SOCIETE GENERALE, COFACE, BNP PARIBAS, Natixis