(Actualisé tout du long)

par Richard Cowan et Thomas Ferraro

WASHINGTON, 14 octobre (Reuters) - Les dirigeants démocrate et républicain du Sénat américain ont dit lundi être proches d'un accord sur le budget fédéral qui permettrait la réouverture des agences gouvernementales fermées depuis le 14 octobre et le relèvement du plafond de la dette.

De nombreux obstacles doivent toutefois encore être levés alors que se rapproche l'échéance du 17 octobre, ce jeudi, après quoi les Etats-Unis risqueront de se retrouver pour la première fois de leur histoire en défaut de paiement.

"Je suis très confiant dans le fait que nous pourrons parvenir à un accord raisonnable cette semaine", a déclaré le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid.

Après un week-end de discussions qui n'ont pas permis de débloquer la situation, il semble que les deux camps ont mis de côté leurs demandes les moins réalistes et tentent de parvenir à un compromis provisoire.

Les négociations en cours à la chambre haute du Congrès pour mettre fin au "shutdown", la fermeture des services fédéraux qui dure depuis le 1er octobre, portent sur un projet de loi qui prolongerait le financement de l'Etat jusqu'au 15 janvier.

Le texte permettrait également au Trésor de subvenir à ses besoins d'emprunt au moins jusqu'à la mi-février 2014, selon une source proche des négociations.

Les dépenses publiques seraient maintenues à leur niveau actuel, en prenant en compte par conséquent les coupes budgétaires mises en place automatiquement en mars dernier, en vertu de la procédure dite du "séquestre".

Le texte lancerait enfin un nouveau round de négociations budgétaires avec l'objectif de parvenir à un compromis d'ici la fin de l'année.

Un tel projet de loi devrait être approuvé par le Sénat mais surtout validé ensuite par la Chambre des représentants, où les républicains sont majoritaires et où l'aile droite du Grand Old Party insiste pour obtenir le report ou le blocage du financement de la réforme de la santé, une condition inacceptable pour Barack Obama et les démocrates.

REUNION REPORTEE

Ce compromis provisoire ne réglerait en rien les désaccords entre les deux camps sur les dépenses publiques et la nouvelle loi sur l'assurance-santé qui ont déjà conduit à plusieurs crises budgétaires ces dernières années.

Mais il constituerait clairement un revers pour les républicains proches du Tea Party, les éléments les plus droitiers du GOP, qui insistaient pour saborder l'Affordable Care Act, ou Obamacare.

Les républicains ont perdu du terrain dans les sondages depuis le début du bras de fer avec la présidence et certains au sein du GOP redoutent que cela ne pèse sur leurs chances de reprendre le contrôle du Sénat l'an prochain à la faveur des élections de mi-mandat.

Selon un sondage Washington Post/ABC diffusé lundi, 74% des Américains désapprouvent la manière dont les républicains ont géré la crise, alors qu'ils sont 53% à désapprouver la méthode de Barack Obama.

La Maison blanche avait annoncé une réunion à 15h00 (19h00 GMT) avec les dirigeants du Congrès qu'elle a finalement reportée afin de donner plus de temps aux négociateurs.

Le Trésor dit ne pas pouvoir garantir sa capacité à honorer les factures de l'Etat après le 17 octobre si le Congrès ne l'autorise pas à emprunter davantage que le plafond actuel de 16.700 milliards de dollars.

En l'absence de relèvement du plafond, un défaut de paiement surviendrait probablement le 1er novembre, date à laquelle le Trésor n'aura plus assez de recettes pour payer un certain nombre d'échéances (intérêts de la dette, retraites, prestations sociales...).

Le Sénat et la Chambre des représentants ont siégé l'un et l'autre lundi, bien que ce soit un jour férié ("Columbus Day") aux Etats-Unis. (Eric Faye, Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)