PARIS, 20 avril (Reuters) - Des centaines de "Gilets jaunes" ont commencé à se rassembler pour un 23e samedi consécutif de manifestation en province et à Paris où les autorités redoutent de nouvelles violences à l'image des débordements de la mi-mars.

Selon le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, des incidents sont notamment à craindre à Bordeaux, Toulouse, Montpellier et "tout particulièrement à Paris", théâtre des débordements les plus spectaculaires depuis le début du mouvement, il y a cinq mois.

"A nouveau la menace est sérieuse", a-t-il déclaré vendredi. "D'après les informations dont nous disposons, les casseurs seront à nouveau au rendez-vous." Plus de 60.000 policiers et gendarmes sont mobilisés.

A Paris, des "Gilets jaunes" se sont regroupés à Bercy d'où une manifestation autorisée doit partir vers 12h30 à destination de la place de la République.

Aucun débordement n'était signalé en fin de matinée. La préfecture de police de Paris a cependant annoncé que les forces de l'ordre avaient procédé à 70 interpellations depuis le début de la journée, principalement pour port de matériel offensif.

Une seconde manifestation autorisée est prévue en début d'après-midi. Elle doit partir de la Basilique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour arriver à l'université de Jussieu, quai Saint-Bernard, sur la rive gauche de la Seine.

LES GILETS JAUNES LANCENT UN "ULTIMATUM"

Emmanuel Macron devait s'exprimer lundi soir pour présenter les conclusions du "Grand débat" mis en place en réponse à la crise des "Gilets jaunes". Il a reporté son intervention en raison de l'incendie qui a éclaté à Notre-Dame de Paris, mais le contenu de son allocution a fuité dans les médias.

"Les Gilets Jaunes attendaient des réponses que l’incendie de Notre-Dame de Paris a soudainement éteintes. Pourtant, les 'fuites' du discours présidentiel laissent à penser que nous n’allons toujours pas être entendus", peut-on lire sur la page Facebook annonçant "l'Acte 23 Ultimatum 2".

La frange la plus radicale du mouvement a appelé à un regain de mobilisation pour ce 20 avril, après les samedis de calme relatif qui ont suivi la dernière poussée de fièvre, le 16 mars. Ce jour-là, plusieurs boutiques et établissements emblématiques des Champs-Elysées, comme la brasserie Fouquet's, avaient été vandalisés, voire partiellement incendiés.

La préfecture de police de Paris a pris un nouvel arrêté interdisant les défilés et les rassemblements dans le quartier des Champs-Elysées, d'où les "Gilets jaunes" sont bannis chaque samedi depuis le mois dernier. Les cortèges et attroupements sont également prohibés autour de la cathédrale Notre-Dame.

"Les forces de l'ordre ont reçu pour consigne d'être extrêmement mobiles et réactives. Dès lors que des individus se regroupent dans les périmètres interdits, ils seront contrôlés et verbalisés", a dit samedi sur BFM TV Laetitia Vallar, porte-parole de la préfecture de police.

"Pourquoi refuser Notre-Dame? C'est parce que nous attendons une affluence massive en ce week-end pascal et suite au drame de cet incendie de Notre-Dame, nous avons beaucoup de personnes qui viennent se recueillir. Une intervention avec des débordements dans ce secteur (...) aurait été extrêmement problématique", a-t-elle ajouté.

Comme pour les semaines précédentes, les forces de police ont mis en place des contrôles préventifs aux péages, sur les autoroutes et sur les routes départementales. Elles procèdent également à des fouilles en périphérie des manifestations pour repérer les personnes "qui pourraient venir avec des intentions malveillante", a précisé la porte-parole.

Des manifestations ont été, comme pour les semaines précédentes, interdites dans certaines villes de province comme à Nantes ou à Toulouse, près de la mairie. (Caroline Pailliez, avec Johanna Decorse à Toulouse édité par Henri-Pierre André)