KYIV (Reuters) - L'artillerie russe a bombardé dans la nuit des villes situées de l'autre côté de la rivière où se trouve la centrale de Zaporijjia en Ukraine, selon les autorités locales, alimentant ainsi une nouvelle fois les craintes de catastrophe nucléaire.

Le ministère russe de la Défense a déclaré dimanche que les bombardements ukrainiens autour de la centrale s'étaient intensifiés au cours des dernières 24 heures, un jour seulement après que Moscou et Kyiv se soient accusés mutuellement de viser la plus grande centrale nucléaire d'Europe, suscitant ainsi une vive inquiétude de la communauté internationale.

La compagnie nucléaire ukrainienne Energoatom a déclaré ne pas disposer de nouvelles informations concernant des attaques contre la centrale.

Sous contrôle russe depuis mars, mais toujours gérée par du personnel ukrainien, ce complexe situé sur la ligne de front sud de la guerre est l'un des principaux points chauds du conflit qui dure depuis six mois.

Le gouverneur de la région, Oleksandr Starukh, a déclaré dimanche sur Telegram que des frappes russes avaient touché des bâtiments résidentiels dans la principale ville de la région, Zaporijjia, située à environ deux heures de route de la centrale, et dans la ville d'Orikhiv, plus à l'est.

Dans son rapport quotidien, l'armée ukrainienne a fait état du bombardement de neuf autres villes dans la zone située sur la rive opposée à la centrale du fleuve Dniepr.

De son côté, le ministère russe de la Défense, cité par l'agence RIA, a déclare que ses forces avait touché l'usine de maintenance d'hélicoptères Motor Sich, située dans cette région.

Reuters n'a pas pu vérifier ces informations.

Le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konashenkov, a déclaré que neuf obus tirés par l'artillerie ukrainienne lors de deux attaques distinctes avaient touché un terrain de la centrale nucléaire.

"Actuellement, le personnel technique surveille l'état technique de la centrale nucléaire et assure son fonctionnement. La situation en matière de radiations dans la zone de la centrale nucléaire reste normale", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Les Nations unies et Kyiv ont appelé au retrait des équipements et du personnel militaires de la centrale afin d'éviter qu'elle ne constitue une cible.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'instance de contrôle nucléaire de l'ONU, attend l'autorisation de se rendre sur le site, ce qui devrait intervenir très rapidement, selon ses responsables.

Le président ukrainien Volodimir Zelensky a estimé vendredi que la situation à Zaporijjia restait "très risquée".

Deux des six réacteurs de l'usine avaient été mis jeudi à l'arrêt par sécurité faute d'alimentation en électricité de la centrale pendant plusieurs heures. Les réacteurs ont été reconnectés vendredi au réseau électrique ukrainien.

(Reportage Max Hunder à Kyiv avec les bureaux de Reuters; rédigé par Simon Cameron-Moore and Tomasz Janowski, version française Jean-Michel Bélot)

par Pavel Polityuk et Max Hunder