(Avec détails, contexte)

par Luke Baker et Justyna Pawlak

BRUXELLES, 2 mars (Reuters) - L'Otan a plaidé l'apaisement et joué la prudence dimanche sur le dossier ukrainien, invitant Moscou et Kiev à chercher une solution pacifique par le dialogue sous les auspices du Conseil de sécurité de l'Onu ou de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Réunie d'urgence à Bruxelles, l'Alliance atlantique a déploré la prise de contrôle de la Crimée par l'armée russe, qualifiée de menace pour la paix et la sécurité en Europe, mais s'est abstenue de mesures plus fortes susceptibles de faire reculer Moscou.

"Nous exhortons les deux parties à rechercher sans tarder une solution pacifique par un dialogue bilatéral, via une médiation internationale (..) et le déploiement d'observateurs internationaux sour les auspices du Conseil de sécurité de l'Onu ou de l'OSCE", a déclaré l'Alliance dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion d'urgence à Bruxelles.

L'Ukraine a mobilisé dimanche l'ensemble de ses réservistes et Washington menacé d'isoler économiquement la Russie, au lendemain du vote du parlement russe donnant au président Vladimir Poutine le feu vert pour envoyer des forces armées sur le territoire de l'ancienne république soviétique.

"Ce que fait la Russie aujourd'hui en Ukraine contrevient aux principes de la charte des Nations unies", a déclaré le secrétaire général de l'Alliance Anders Fogh Rasmussen.

"Cela menace la paix et la sécurité en Europe. La Russie doit cesser ses activités militaires et ses menaces."

"Les alliés de l'Otan continueront à soutenir la souveraineté, l'indépendance, l'intégrité territoriale de l'Ukraine et le droit du peuple ukrainien à déterminer son propre avenir, sans ingérence extérieure", a dit Rasmussen.

ISOLEMENT

Dans un communiqué diffusé à l'issue de sa réunion, l'Otan a invité Moscou à ordonner le repli de ses troupes dans leurs bases en Ukraine et à s'abstenir d'intervenir davantage dans le pays. L'Alliance n'a pas évoqué la possibilité de réduire sa coopération avec la Russie, qui s'exerce au niveau ministériel et a déjà débouché sur des manoeuvres communes.

Avant la réunion, un diplomate de haut rang confiait que l'Otan ne souhaitait pas attiser encore le sentiment pro-russe en Crimée.

Bien que l'Ukraine soit associée à l'Otan, elle n'en est pas membre à part entière et ne peut bénéficier de la protection de l'article 5 du traité de l'Atlantique-Nord, son outil diplomatique le plus puissant, qui stipule qu'une attaque contre un pays membre équivaut à une attaque contre l'ensemble des alliés.

Etant donné ces limites, la seule réponse forte qui pourrait venir dans les prochains jours serait le déploiement par les Etats-Unis de bâtiments en mer Noire, estiment des experts militaires.

Une option envisagée par les Occidentaux est l'isolement diplomatique de la Russie, à l'occasion du prochain sommet du G8 prévu cet été à Sotchi. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont déjà suspendu leur participation aux réunions préparatoires mais le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a jugé qu'il serait contreproductif d'exclure la Russie du G8, car ce forum permet selon lui de maintenir une ligne de dialogue avec Moscou.

"L'Otan ne peut dire que ce que lui disent les 28 pays membres", souligne Karl-Heinz Kamp, de l'Ecole fédérale de politique de sécurité à Berlin. "Il y a des pays membres qui sont davantage pro-russes que d'autres."

Certains pays membres de l'Alliance ou de l'Union européenne dépendent presque entièrement de la Russie pour leur approvisionnement énergétique.

(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)