(Actualisé tout du long avec commentaires de Trump, campagne Biden, éléments supplémentaires, précisions; photo à disposition)

par Nathan Layne, Helen Reid, Alexandra Ulmer et James Oliphant

WASHINGTON, 4 juillet (Reuters) -

Donald Trump et certains de ses soutiens républicains ont lancé une nouvelle vague d'attaques contre la vice-présidente démocrate Kamala Harris afin de la discréditer, dans un contexte de spéculations croissantes sur sa possible candidature pour l'élection présidentielle en remplacement de Joe Biden.

La campagne Trump semble depuis quarante-huit heures préparer les bases d'un possible duel avec Kamala Harris lors du scrutin du 5 novembre, en parallèle à des appels dans les rangs du Parti démocrate pour que Joe Biden mette fin à sa campagne de réélection.

S'il a reconnu avoir "failli (s')endormir" lors du premier débat présidentiel face à Donald Trump la semaine dernière, Joe Biden a cité mardi une fatigue liée à ses déplacements internationaux et aux changements de fuseaux horaires, avant d'assurer mercredi qu'il ne mettrait pas fin à sa campagne.

Les balbutiements et les incohérences de l'actuel locataire de la Maison blanche, âgé de 81 ans, lors du débat télévisé du 27 juin ont semé la panique dans les rangs démocrates, plusieurs figures du parti évoquant plus ou moins explicitement la nécessité d'investir un autre candidat pour l'élection.

Kamala Harris, qui figure à nouveau au côté de Joe Biden sur le "ticket" présidentiel des démocrates pour le scrutin de novembre, est

le premier choix

pour suppléer Biden si celui-ci venait à se mettre en retrait, ont déclaré cette semaine à Reuters des sources de haut rang au fait des discussions.

Bien que l'intéressée continue d'afficher son soutien à Joe Biden, la campagne Trump ne prend aucun risque en accentuant dès à présent ses attaques contre la vice-présidente, avec l'objectif que celle-ci apparaisse affaiblie si et quand elle est déclarée candidate du Parti démocrate.

"INCOMPÉTENTE"

Il est loin d'être inhabituel que les républicains critiquent Kamala Harris, 59 ans, depuis le début du mandat de Joe Biden. Cependant les attaques formulées ces derniers jours marquent une escalade semble-t-il coordonnée et en lien avec les spéculations sur un changement de candidat chez les démocrates.

Le Comité national républicain du Congrès, qui supervise les candidatures républicaines pour la Chambre des représentants - des centaines de sièges au Congrès seront aussi en jeu en novembre -, a décrit Kamala Harris comme la "facilitatrice en chef" de Joe Biden.

MAGA Inc., l'une des organisations de collecte de fonds soutenant Donald Trump et au nom inspiré du célèbre slogan du candidat républicain ("Make America Great Again", rendre à l'Amérique sa grandeur), a qualifié la vice-présidente démocrate de "tsarine de l'invasion".

Il s'agit d'une référence au fait que, en mars 2021, Joe Biden a déclaré que Kamala Harris superviserait les négociations entreprises avec le Mexique et les pays d'Amérique centrale afin d'endiguer les flux de migrants se rendant sans autorisation à la frontière sud des Etats-Unis.

Les républicains n'ont cessé depuis lors d'accuser Kamala Harris de n'avoir pas empêché les traversées record de millions de migrants clandestins vers le territoire américain, bien que la vice-présidente n'ait jamais été chargée formellement de la question de la sécurité frontalière.

"Kamala Harris est incompétente. Elle a prouvé qu'elle était la plus faible et la pire des vice-présidentes de l'Histoire et elle a soutenu à 100% Joe Biden dans chacune de ses politiques désastreuses de ces quatre dernières années", a accusé Karoline Leavitt, une porte-parole de la campagne de Donald Trump.

STRATÉGIE FAMILIÈRE, DISCRÉTION INHABITUELLE

Dans une vidéo filmée alors qu'il se trouvait sur l'un de ses domaines de golf et diffusée en premier lieu par The Daily Beast, Donald Trump a qualifié Kamala Harris de "pathétique".

"Elle est tellement mauvaise, elle est tellement pathétique", a-t-il dit, avant d'utiliser un mot vulgaire pour la décrire.

Son équipe de campagne a renchéri: "Rien dans cette vidéo n'est incorrect", a écrit le codirecteur de campagne du candidat républicain, Chris LaCivita, sur le réseau social X.

"Non, Donald, ce qui n'est pas bien, c'est de retirer aux femmes leurs droits", a répondu une porte-parole de la campagne Biden, une allusion au droit à l'avortement, auquel s'opposent les conservateurs.

"Ce qui est mauvais, c'est de perdre une élection et d'encourager une foule violente à attaquer le Capitole", a ajouté Sarafina Chitika, en référence à l'insurrection meurtrière du 6 janvier 2021 alors que le Congrès se réunissait pour certifier la victoire de Joe Biden deux mois plus tôt.

La stratégie employée par le camp Trump contre Kamala Harris n'est pas inédite, rappelant par exemple comment l'ancien président républicain s'est évertué, avec succès, à nuire à Ron DeSantis l'an dernier, avant même que le gouverneur de Floride, considéré comme son principal rival au sein du parti, ne lance sa campagne pour les primaires républicaines.

Fait plus inhabituel, le volubile Donald Trump a été particulièrement discret depuis la piètre performance de Joe Biden lors de leur débat présidentiel du 27 juin, faisant profil bas et limitant ses apparitions et déclarations publiques.

Corey Lewandowski, conseiller de longue date de Donald Trump, a déclaré à Reuters que Kamala Harris était vulnérable politiquement, citant son rôle dans la lutte défaillante contre l'immigration illégale et d'autres questions qui figurent dans un "dossier de recherche" compilé par le Parti républicain sur la vice-présidente démocrate.

Bien que la cote de popularité de Kamala Harris n'ait jamais été très élevée depuis qu'elle occupe la vice-présidence, s'approchant au mieux du seuil de 40% récemment, un sondage Reuters/Ipsos réalisé cette semaine la crédite de 42% d'intentions de vote en cas de duel électoral face à Donald Trump, donné à 43%. Il s'agit d'un coude-à-coude similaire à celui entre Joe Biden et Donald Trump dans les enquêtes d'opinion. (Nathan Layne, Tim Reid et Alexandra Ulmer, avec Helen Coster, Jason Lange and James Oliphant; version française Zhifan Liu et Jean Terzian)