par David Morgan et Richard Cowan

WASHINGTON, 4 janvier (Reuters) - La Chambre américaine des représentants n'avait toujours pas de "speaker" mercredi alors que la candidature du républicain Kevin McCarthy a de nouveau été bloquée, lors de deux votes, par un petit groupe d'élus radicaux du parti, en dépit de l'appel à l'unité effectué par l'ancien président Donald Trump.

Chef de file des républicains à la chambre basse du Congrès depuis 2019, Kevin McCarthy avait déjà subi trois revers en autant de votes, mardi, une situation inédite depuis un siècle au Capitole où le "speaker" de la Chambre avait, depuis 1923, toujours été élu dès le premier scrutin.

Une vingtaine de radicaux républicains, soit moins de 10% du nombre d'élus du parti à la Chambre, ont voté à deux reprises mercredi contre la nomination du Californien, qu'ils jugent pas assez investi dans les batailles partisanes ayant particulièrement rythmé les débats durant le mandat présidentiel de Donald Trump.

"Il est temps désormais pour tous les GÉNIAUX membres républicains de la Chambre de VOTER POUR KEVIN", avait écrit mercredi matin Donald Trump sur le réseau social qu'il a fondé, Truth.

Cet appel de l'ancien locataire de la Maison blanche n'a pas suffi, le vote - le quatrième au total à ce moment-là - s'étant encore soldé par un échec pour Kevin McCarthy avec 201 voix, alors qu'une majorité de 218 voix est nécessaire.

Vingt élus républicains ont désigné lors des quatrième et cinquième votes Byron Donalds, arrivé à la Chambre en 2020 et vu comme une alternative à Kevin McCarthy - du moins suffisamment pour empêcher ce dernier d'obtenir la majorité.

"PAS BEAU À VOIR"

"Ils veulent un nouveau visage, une nouvelle vision, un nouveau leadership", a dit l'élu républicain Chip Roy à propos des électeurs américains selon lui lassés par l'"establishment".

Cette querelle interne à propos du "speaker" de la Chambre, un poste-clé puisque deuxième dans la hiérarchie de succession en cas d'incapacité du président américain, donne une image déconcertante à la majorité - étroite - obtenue par les républicains à la faveur des élections de mi-mandat ("midterms") de novembre dernier.

Elle illustre aussi les défis qui pourraient miner les républicains sur le chemin menant à l'élection présidentielle de 2024, pour laquelle Donald Trump, figure toujours influente de la droite américaine, est pour l'heure le seul candidat déclaré du parti.

Les résultats des "midterms" ont été perçus comme décevants par les républicains, dont certains ont blâmé Donald Trump, et ont alimenté la crise actuelle.

La majorité plus faible qu'attendu obtenue à la Chambre des représentants permet aux élus radicaux de disposer d'un poids important dans la nomination du "speaker", avec l'espoir que leurs voix pèsent davantage dans la direction du parti et dans les choix en matière de dépenses notamment.

Si la prise de contrôle de la Chambre par les républicains laissait augurer de ralentissements, voire de blocages, dans l'agenda législatif du président démocrate Joe Biden, la querelle interne jette un doute sur la capacité de la chambre basse du Congrès à remplir ses obligations basiques, comme voter le financement des administrations fédérales.

"Ce n'est pas beau à voir", a déclaré Joe Biden devant des journalistes à la Maison blanche. "Ce n'est pas une bonne chose (...) J'espère qu'ils vont se reprendre".

(Reportage David Morgan, Richard Cowan, Makini Brice, Moira Warburton, Gram Slattery et Trevor Hunnicutt; version française Jean Terzian, édité par Matthieu Protard)