par Jeff Mason et Amanda Becker

WASHINGTON, 3 janvier (Reuters) - La fermeture partielle des administrations américaines pourrait se prolonger "un certain temps" encore, a prévenu mercredi le président américain Donald Trump, qui cherche toujours à obtenir du Congrès qu'il prévoit les fonds pour la construction d'un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

Les dirigeants démocrates et républicains du Congrès étaient conviés à la Maison blanche dans la journée pour une réunion à huis clos avec Donald Trump et des responsables du département de la Sécurité intérieure, ceux-ci devant exposer les mesures envisagées pour assurer la sécurité à la frontière mexicaine.

Les démocrates, qui seront à partir de jeudi majoritaires à la Chambre des représentants, ont déclaré qu'ils commenceraient comme prévu leur travail en examinant un plan de financement de l'administration en deux parties pour tenter de mettre fin au "shutdown", sans prévoir le financement du mur voulu par Trump.

"Nous demandons au président de rouvrir le gouvernement", a déclaré aux journalistes la démocrate Nancy Pelosi, qui devrait prendre la présidence de la Chambre des représentants, après la tenue de la réunion à la Maison blanche.

Donald Trump a déclenché la fermeture partielle de l'administration le 22 décembre en insistant pour que l'enveloppe des dépenses visant à son financement prévoie un montant de cinq milliards de dollars (4,4 milliards d'euros) pour financer un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Le président présente ce mur comme un élément-clé de sa stratégie de lutte contre l'immigration clandestine.

Les administrations resteront partiellement fermées "aussi longtemps qu'il le faudra", a déclaré Donald Trump avant la réunion avec les représentants démocrates et républicains, disant craindre que la situation dure "un certain temps encore".

S'exprimant à l'issue de cette rencontre, le chef de file de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a annoncé que le président Trump avait convié ses invités à revenir vendredi à la Maison blanche pour trouver une solution à la crise.

"Nous savons que nous avons un défi avec la frontière. Nous voulons régler ce problème, nous voulons faire en sorte de rouvrir les administrations et je pense qu'en fin de compte, le président, à l'entendre, veut résoudre cette question lui aussi", a-t-il déclaré.

LA MAISON BLANCHE CRITIQUE LE PLAN DÉMOCRATE

Le Sénat et la Chambre des représentants, dont c'est la rentrée après une courte pause pour le jour de l'An, doivent se réunir brièvement pour clore la législature 2017-2018 issue des élections de novembre 2016 qui ont porté au pouvoir Donald Trump et les républicains.

Jeudi, les démocrates seront majoritaires dans la nouvelle Chambre des représentants de la législature 2019-2020 issue des élections de mi-mandat du mois de novembre dernier. Au Sénat, les républicains restent majoritaires.

Le plan en deux parties avancé par les démocrates comprend un texte visant à financer le département de la Sécurité intérieure aux niveaux actuels jusqu'au 8 février. Il alloue 1,3 milliard de dollars pour la clôture des frontières et 300 millions de dollars pour d'autres éléments de la sécurité frontalière, par exemple pour les caméras de surveillance.

L'autre partie du plan permettrait de financer jusqu'au 30 septembre, fin de l'année fiscale, les services fédéraux qui ne sont plus financés, comme les ministères de la Justice, du Commerce et des Transports.

Ce plan ne contient pas les cinq milliards de dollars réclamés par Donald Trump pour le Mur. Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a déclaré que les républicains du Sénat n'approuveraient pas une mesure de dépense non soutenue par le président - alors même qu'ils en avaient voté une similaire le mois dernier, comme l'a souligné Nancy Pelosi.

"C'est simple: le Sénat ne va pas envoyer au président quelque chose qu'il ne signera pas", a déclaré le porte-parole de Mitch McConnell, Don Stewart.

Pour la porte-parole de la Maison blanche, Sarah Sanders, le plan démocrate n'apporte rien "car il ne finance pas la sécurité intérieure et ne protège pas les familles américaines contre le trafic d'êtres humains, la drogue et le crime".

S'ils refusent de financer les départements ministériels sans aucun lien avec la question de la sécurité des frontières, les républicains risquent d'être considérés comme tenant ces administrations et leurs 800.000 fonctionnaires en otage du désir de Donald Trump de construire un mur qui, selon les démocrates, serait inefficace et irréalisable, et dont une majorité d'Américains ne veut pas. (avec Doina Chiacu et Susan Cornwell; Danielle Rouquié, Guy Kerivel, Nicolas Delame et Jean Terzian pour le service français)