par Lesley Wroughton et Jason Lange

WASHINGTON, 30 juin (Reuters) - Des milliers de personnes se sont rassemblées samedi devant la Maison blanche à Washington et dans diverses villes des Etats-Unis pour protester contre la politique de Donald Trump en matière d'immigration qui a eu pour effet de séparer les enfants de leurs parents à la frontière américano-mexicaine.

"Honte !", criaient les manifestants rassemblés dans le centre de la capitale fédérale. Sur certains panneaux on pouvait lire : "Une famille ça reste ensemble".

"Cela va à l'encontre de tout ce que nous défendons en tant que pays", a déclaré Paula Flores-Marques, une manifestante de 27 ans, à propos de la politique de Donald Trump.

Le président ne se trouvait pas dans la capitale.

Le président républicain, pour qui l'immigration illégale favorise le crime, a mis en place une politique de "tolérance zéro" en mai qui prévoit des poursuites judiciaires tous les migrants appréhendés en situation illégale à leur entrée aux Etats-Unis.

Cela a conduit à la séparation de plus de 2.000 enfants de leurs parents, ce qui a déclenché un tollé ce mois-ci aux Etats-Unis et dans le monde, y compris dans les rangs du Parti républicain.

Le chef de la Maison blanche a fait volte-face le 20 juin et a donné l'ordre de réunir les familles qui seront détenues ensemble.

A New York, plusieurs milliers de manifestants ont emprunté le Brooklyn Bridge. Ils portaient des pancartes sur lesquelles étaient inscrit : "Make America Humane Again" ("Rendre l'Amérique à nouveau humaine"), en référence au slogan de campagne de Donald Trump "Make American Great Again" ("Rendre sa grandeur à l'Amérique").

"Immigrants bienvenus", signalaient d'autres pancartes.

"NOUS SAVONS OÙ VOUS DORMEZ"

À Chicago, des milliers de personnes se sont rassemblées pour marcher vers les bureaux locaux des autorités fédérales de l'immigration.

A Washington, les manifestants étaient au nombre de 30.000 selon les organisateurs. Il semble que ce soit la manifestation pro-immigration la plus importante dans la capitale américaine depuis au moins 2010. A cette époque-là, il s'agissait de faire pression sur le prédécesseur démocrate de Donald Trump, Barack Obama, et sur le Congrès pour qu'ils réforment le système d'immigration.

"Nous sommes ici parce que les enfants placés en détention n'ont pas de voix", a déclaré Helen LaCroix, 40 ans, mère de deux enfants.

Toujours à Washington, un groupe de plusieurs dizaines de personnes s'est détaché du cortège pour aller manifester devant ce qu'ils ont présenté comme étant la résidence de Stephen Miller, un conseiller de la Maison blanche connu pour ses opinions radicales sur l'immigration.

Les manifestants ont brandi un panneau disant "Stephen Miller, nous savons où vous dormez".

Donald Trump, qui était samedi au club de golf qu'il possède à Bedminster, dans le New Jersey, a critiqué ses opposants démocrates qui ont demandé la suppression de l'agence américaine chargée de faire appliquer la loi sur l'immigration, l'ICE.

"J'ai vu ICE libérer les villes de l'emprise des [gangs criminels]", a déclaré Trump sur Twitter.

Un habitant des Etats-Unis sur 20 était immigré en 1970. En 2016, un Américain sur sept était immigré, selon le Bureau américain de recensement. (Avec Bob Chiarito à Chicago; Danielle Rouquié pour le service français)