par Lawrence Hurley

WASHINGTON, 31 janvier (Reuters) - Donald Trump doit annoncer mardi soir le nom de son candidat au siège vacant à la Cour suprême des Etats-Unies, une proposition que les sénateurs démocrates attendent avec méfiance et une certaine hostilité car elle pourrait décider d'une orientation conservatrice durable de la plus haute juridiction du pays.

Trump a fait savoir qu'il dévoilerait mardi à 20h00 (mercredi 01h00 GMT), en direct depuis la Maison blanche, l'identité de celui qui a ses faveurs pour succéder à Antonin Scalia, juge très conservateur, décédé en février dernier.

Les sénateurs démocrates nourrissent du ressentiment à l'égard de leurs homologues républicains qui ont refusé en mars dernier d'examiner la candidature du magistrat proposé par Barack Obama.

L'argument des républicains était qu'une telle procédure de nomination était inopportune en période électorale alors que l'enjeu était de gagner du temps dans l'espoir de désigner, plus tard, un juge conservateur pour maintenir l'orientation politique de la Cour suprême.

Actuellement quatre juges "libéraux" et quatre juges "conservateurs" siègent dans cette juridiction dont les neuf membres sont nommés à vie par le chef de l'Etat.

Selon une source informée du processus de sélection, Donald Trump a pris sa décision entre deux magistrats de cour d'appel connus pour leurs orientations fortement conservatrices : Neil Gorsuch de Denver et Thomas Hardiman de Philadelphie.

MULTIPLIER LES OBSTACLES

Citant une source anonyme, la chaîne CNN a annoncé mardi que Neil Gorsuch avait été informé qu'il était probablement le choix du chef de l'Etat.

Agé de 49 ans, Neil Gorsuch a soutenu en 2013 l'idée que les chefs d'entreprise pouvaient refuser, pour des motifs religieux, d'appliquer les dispositions de l'Obamacare qui imposent la souscription par l'employeur d'une couverture maladie pour ses salariés, y compris la contraception pour les femmes.

Thomas Hardiman, 51 ans, a lui soutenu une interprétation large et extensive du deuxième amendement de la Constitution autorisant le port d'armes à feu par les citoyens.

Suivant la loi fondamentale des Etats-Unis, le candidat doit être approuvé par le Sénat avant de prendre ses fonctions.

Agacés par le refus des républicains d'examiner la candidature de Merrick Garland présentée l'an passé, les démocrates envisagent de mener une stratégie d'obstruction si le nom proposé par Donald Trump ne leur convient pas.

Les républicains possèdent une courte majorité de 52 sénateurs sur 100 mais les démocrates peuvent multiplier les obstacles ("filibuster") lors de la procédure de confirmation. Pour franchir ces obstacles, une majorité de 60 élus est alors requise.

"Nous devons combattre cette tentative de mise en pièces de la Constitution par tous les moyens à notre disposition", a déclaré le sénateur démocrate Jeff Merkley.

Le chef de file de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a mis en garde lundi l'opposition et l'a appelée à respecter la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle.

Le porte-parole de la Maison blanche, Sean Spicer, a rappelé que les enquêtes d'opinion montraient que la composition de la Cour suprême était considérée comme un sujet important par l'opinion publique lors de l'élection présidentielle. (Avec Andrew Chung, Richard Cowan, Susan Heavey, Ayesha Rascoe et Doina Chiacu; Pierre Sérisier pour le service français)