par Richard Cowan, Susan Cornwell et David Morgan

WASHINGTON, 13 janvier (Reuters) - Les démocrates de la Chambre américaine des représentants se rapprochent du lancement d'une historique procédure de destitution contre Donald Trump, alors que plusieurs élus républicains ont indiqué mardi qu'ils voulaient démettre le président de ses fonctions suite à l'assaut du Capitole.

A sept jours de la fin du mandat du président républicain, la Chambre des représentants va se prononcer mercredi sur un texte de mise en accusation de Donald Trump pour "incitation à l'insurrection" lors d'un discours prononcé la semaine dernière à Washington devant ses partisans.

Plusieurs milliers de partisans de Donald Trump ont ensuite pénétré de force au Capitole, interrompant le processus de certification par le Congrès des résultats de l'élection présidentielle de novembre. Cinq personnes sont mortes dans les heurts.

Si Donald Trump est effectivement mis en accusation par la Chambre, où les démocrates sont majoritaires, un procès devra avoir lieu dans un Sénat toujours contrôlé par les pairs républicains du président sortant, sans que l'on puisse pour l'heure déterminer s'il restera suffisamment de temps et d'appétit politique pour évincer Trump.

Jamais un président américain n'a fait face à deux procédures de destitution ("impeachment").

Les démocrates ont approuvé le format des débats sur l'"impeachment" après que des efforts visant à persuader Mike Pence d'invoquer le 25e amendement de la Constitution américaine pour démettre Donald Trump de ses fonctions ont échoué, le vice-président républicain ayant rejeté mardi soir cette hypothèse.

"Je ne pense pas qu'une telle démarche soit dans le meilleur intérêt de notre nation et cohérente à l'égard de notre Constitution", a écrit Mike Pence dans une lettre adressée à la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi.

Malgré cette lettre, la Chambre a adopté avec 223 voix contre 205 une résolution demandant formellement à Mike Pence d'agir pour démettre Donald Trump de ses fonctions.

"TRAHISON"

En marge des débats parlementaires, la mainmise de Donald Trump sur le Parti républicain semblait s'effriter davantage alors qu'au moins quatre élus républicains ont annoncé mardi qu'ils se prononceraient en faveur de la destitution du président sortant.

Liz Cheney, numéro trois dans la hiérarchie des républicains à la Chambre des représentants, a déclaré qu'il n'y avait "jamais eu de plus grande trahison par un président des Etats-Unis de sa fonction et de son serment à la Constitution".

Dans un communiqué annonçant son intention de voter en faveur d'une destitution, la fille de l'ancien vice-président Dick Cheney a reproché à Donald Trump d'avoir rassemblé ses partisans et d'avoir "allumé la flamme" de l'attaque contre le Capitole mercredi dernier.

Trois autres élus républicains de la Chambre des représentants - John Katko, Adam Kinzinger et Fred Upton - ont aussi déclaré qu'ils voteraient en faveur de la destitution de Donald Trump.

Ces annonces ont été effectuées alors que les chefs de file des républicains à la Chambre des représentants n'ont pas donné de consigne de vote, déclarant qu'il s'agissait d'une question de conscience personnelle après le chaos survenu au Capitole.

S'exprimant mardi au Texas lors de sa première apparition publique depuis l'émeute au Capitole, Donald Trump a nié tout responsabilité dans les violences ("ce que j'ai dit était totalement approprié") et a reproché aux démocrates de tenter une nouvelle fois de le destituer.

D'après le New York Times, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a déclaré en privé qu'il était content de la démarche des démocrates, ce qui laisse à penser que le Parti républicain cherche à prendre ses distances avec Donald Trump après les incidents de la semaine dernière.

Mitch McConnell pense que les efforts actuels permettront de chasser plus facilement Donald Trump des rangs républicains, écrit le journal, citant des sources informées.

En cas de procès au Sénat, composé de 100 sièges, une majorité des deux tiers sera nécessaire pour condamner Donald Trump. Dans le rapport de force actuel à la chambre haute du Congrès, cela signifie qu'au moins 17 sénateurs républicains devront se prononcer en faveur d'une condamnation pour que la procédure aboutisse. (avec Jan Wolfe, Eric Beech, Andrea Shalal, Doina Chiacu, David Shepardson et Steve Holland; version française Jean Terzian)