par David Lawder et Richard Cowan

WASHINGTON, 6 janvier (Reuters) - Le président de la Chambre des représentants John Boehner se prépare à essuyer une fronde de la frange la plus conservatrice du parti républicain qui doit prendre mardi après-midi le contrôle des deux chambres du Congrès après sa victoire aux élections de mi-mandat en novembre.

Une dizaine de représentants figurant parmi les plus à droite du Grand Old Party ont annoncé qu'ils ne soutiendraient pas John Boehner qui brigue un troisième mandat à la présidence de la chambre basse.

Ces élus reprochent à leur chef de file, d'une part son manque de combativité à l'égard de l'administration Obama sur les questions de l'immigration et des politiques de santé et d'autre part des efforts insuffisants pour réduire les dépenses publiques.

"Le président Boehner a fait de son mieux et je le remercie pour ses services", écrit le représentant Justin Amash sur sa page Facebook. "Mais il est temps pour les républicains de changer de dirigeant. Cet après-midi je voterai pour un nouveau président", ajoute-t-il.

Ce premier défi annoncé pourrait préfigurer bien d'autres batailles cette année dans le camp républicain entre groupes rivaux.

L'opposition affichée face au "speaker" de la chambre basse est peu ou prou de la même ampleur que celle que John Boehner avait dû affronter il y a deux ans sur la question d'une hausse de l'impôt des ménages les plus fortunés.

La différence est que le président sortant peut compter sur la plus large majorité qu'ait jamais eue le parti républicain à la Chambre des représentants depuis 1947.

Sur le plan comptable, il peut donc se passer de 28 voix dans son camp et continuer à disposer de la majorité des 218 suffrages requis pour conserver son poste.

Louie Gohmert, élu du Texas et membre du Tea Party, a fait savoir qu'il se présentait contre Boehner mais aucun représentant disposant d'une réelle influence dans les rangs républicains n'a émergé. Boehner se présente à sa succession sans véritable rival.

Un autre républicain, Gleen Grotham, fraîchement élu dans le Wisconsin, a fait savoir qu'il soutiendrait le candidat sortant mais qu'il ferait tout pour infléchir sa politique vers la droite.

ATTITUDE CONCILIANTE

Les plus farouches opposants à John Boehner lui reprochent la manière dont il a géré la question de l'adoption du volet dépenses du projet de budget en décembre, évitant un "shutdown" (fermeture) de certaines administrations fédérales.

Les mesures contenues dans un document de 1.600 pages et portant sur un montant de 1.100 milliards de dollars ont été négociées en secret, affirment-ils.

Pire, à leurs yeux, elles ont autorisé le déblocage de fonds pour des agences chargées de mettre en oeuvre le décret présidentiel pris par Barack Obama sur l'immigration qui régularise la situation de millions de personnes sans papiers.

La seule question en suspend est celle du financement du Département de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security) qui coordonne l'application des mesures sur l'immigration.

Certains envisageaient lundi soir de proposer un texte qui, dans sa formulation, empêcherait les employés du DHS de prendre les mesures nécessaires pour l'application du décret présidentiel.

Une telle initiative pourrait conduire à un veto de la Maison blanche afin de préserver le fonctionnement d'une agence fédérale qui s'est imposée après les attentats du 11 septembre 2001.

Dans ce bras de fer, le rôle de modérateur pourrait être assumé par le sénateur Mitch McConnell, chef de file de la majorité républicaine à la chambre haute, qui cherche à éviter tout blocage de l'administration cette année.

Le Sénat dispose d'une influence sur la Chambre des représentants dans la mesure où son approbation est nécessaire pour l'adoptation des projets de loi.

Certains représentants, parmi les plus conservateurs, sont en outre conscients de la nécessité d'adopter une position plus conciliante à l'entame de deux années où la présidence et Capitol Hill seront aux mains de camps opposés.

Barack Obama a invité les dirigeants des deux partis dans les deux assemblées pour une réunion à la Maison blanche mardi prochain afin de parler de la réforme fiscale, de la modernisation des infrastructures et de la politique étrangère.

(Pierre Sérisier pour le service français) ;))