(Actualisé avec tweet de Trump §§5-6)

WASHINGTON, 23 décembre (Reuters) - L'émissaire américain auprès de la coalition combattant le groupe Etat islamique (EI), Brett McGurk, a présenté vendredi sa démission en réaction à la décision de Donald Trump d'ordonner le retrait des troupes américaines présentes en Syrie, indique une source samedi.

Brett McGurk quittera ses fonctions le 31 décembre, ajoute cette source, précisant que l'émissaire a justifié sa décision par l'annonce du retrait américain de Syrie.

Selon la chaîne CBS, McGurk, qui devait normalement quitter sa fonction en février 2019, a exprimé un "fort désaccord" avec Donald Trump sur cette question. Il a présenté sa démission vendredi au secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, a déclaré un responsable au département d'Etat.

Brett McGurk avait été nommé en octobre 2015 par le président d'alors, Barack Obama, et avait contribué à élaborer la politique de Washington envers le nord de la Syrie, notamment son soutien aux FDS (Forces démocratiques syriennes, alliance de milices arabes et kurdes en lutte contre l'Etat islamique).

Donald Trump a réagi samedi soir en indiquant que McGurk avait simplement décalé sa date de départ.

"Brett McGurk (...) était supposé quitter ses fonctions en février mais il a juste démissionner avant son départ. Démagogue ? Les 'Fake News' font toute une histoire pour un non-évenement", écrit-il.

Sa démission s'ajoute à celle du secrétaire à la Défense James Mattis, qui a annoncé dans une lettre au président américain qu'il entendait quitter son poste.

Selon des sources contactées par Reuters, c'est l'annonce du retrait des forces américaines en Syrie qui aurait emporté la décision du chef du Pentagone.

Lors d'un entretien téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, Donald Trump se serait laissé convaincre que le groupe Etat islamique était vaincu en Syrie.

Erdogan se serait également plaint que le soutien américain aux miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), qui font partie des FDS, nuisait à la sécurité de la Turquie, a rapporté un responsable américain sous le sceau de l'anonymat.

Donald Trump semble accréditer cette explication dans un message sur Twitter posté samedi matin.

"En Syrie, nous devions au départ être là-bas pour trois mois et cela fait sept ans. Lorsque je suis devenu président Daech était incontrôlable. Maintenant Daech est largement battu et les autres pays locaux, dont la Turquie, peuvent facilement s'occuper de ce qu'il reste. On rentre à la maison!", écrit-il.

Les déclarations triomphales de Trump inquiètent cependant des alliés de l'Otan comme la France et l'Allemagne, pour lesquels le revirement américain en Syrie risque de nuire à la lutte contre l'EI, qui a été confiné dans de petites portions désertiques de l'Est syrien, près de la frontière avec l'Irak. (Lesley Wroughton et Humeyra Pamuk; Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français)