par John Whitesides

WASHINGTON, 5 novembre (Reuters) - A J-1, Barack Obama et Mitt Romney ont jeté lundi leurs dernières forces dans le sprint final de l'élection présidentielle américaine pour tenter de convaincre les indécis et mobiliser leurs troupes pour un scrutin où ils font quasiment jeu égal.

En ce dernier jour de campagne, le démocrate et le républicain ont poursuivi leur course effrénée dans les "Swing States", ces Etats pivots où se jouera l'élection de mardi.

Barack Obama concluait sa campagne dans le Wisconsin, l'Ohio et l'Iowa, trois Etats dans lesquels il bénéficie d'une très légère avance dans les sondages et qui, ajoutés à ceux déjà considérés comme acquis, suffiraient à lui assurer les 270 voix nécessaires au sein du collège électoral pour être réélu (1).

Il effectuera son ultime sortie de campagne dans l'Iowa, Etat symbolique s'il en est de la conquête de la Maison blanche par le candidat démocrate : c'est là, en janvier 2008, qu'il avait frappé les esprits en remportant les caucus organisés dans cet Etat, première étape des primaires démocrates qui allaient aboutir, dix mois plus tard, à son succès.

Mitt Romney, quant à lui, a jeté son dévolu sur la Virginie et la Floride, deux Etats qu'il doit absolument accrocher à son tableau de chasse pour avoir une chance de l'emporter, avant de se rendre dans l'Ohio, Etat le plus disputé et synonyme d'accession à la Maison blanche lors des dix derniers scrutins. (voir )

Le candidat républicain devait conclure sa journée-marathon dans le New Hampshire, où il a lancé sa candidature l'an dernier.

"Demain, vous avez un choix à faire, c'est un choix entre deux visions différentes de l'Amérique", a lancé Barack Obama à une foule enthousiaste "chauffée" par le chanteur Bruce Springsteen à Madison, dans le Wisconsin.

"Cela n'est pas si compliqué: nous avons appliqué nos idées, elles ont marché, l'économie s'est redressée, nous avons créé des emplois, les déficits ont été réduits. Nous avons essayé leurs idées, elles n'ont pas marché. Il n'y a pas eu de croissance, pas eu autant de créations d'emplois, et le déficit s'est accru."

A Lynchburg, en Virginie, son rival républicain a promis à ses partisans "un nouveau départ" pour l'Amérique. "Nous ne sommes plus qu'à un jour d'un nouveau départ, à un jour d'un nouveau commencement", a dit Mitt Romney.

Plus tard, à Sandford, en Floride, il a appelé les Américains à "voter pour le changement". "Si vous pensez que nous pouvons faire mieux, que l'Amérique doit être lancée sur une meilleure voie, si vous en avez assez d'en avoir assez, alors je vous demande de voter pour le vrai changement."

"CHANGEMENT RÉEL"

Si les sondages donnent les deux candidats à égalité à l'échelle nationale, ils créditent le président sortant d'une légère avance au niveau des Etats pivots.

Et selon le dernier sondage quotidien Reuters/Ipsos publié lundi, Barack Obama, avec 48%, devance de deux points son rival.

Après des mois de spots publicitaires et d'attaques réciproques, parfois acerbes, les deux candidats ont simplifié leur message à l'approche du verdict. Chacun s'est posé comme le meilleur recours pour résoudre la crise économique et sortir le pays d'un profond clivage politique.

Tous deux ont également appelé leurs partisans mais aussi les électeurs qui hésitent encore à se rendre aux urnes en se posant la question du bon choix.

Le candidat du Grand Old Party s'est à nouveau posé en champion du changement et de la réconciliation politique entre les deux principales formations du pays.

"Accomplir un changement réel n'est pas simplement une chose que je propose. C'est une chose que j'ai faite. C'est une chose que je ferai quand je serai président des Etats-Unis", a proclamé l'ancien gouverneur du Massachusetts dimanche à Des Moines.

"CELA VA SE JOUER À UN CHEVEU"

Les enquêtes d'opinion continuent de donner un court mais persistant avantage à Barack Obama dans l'Ohio, le Wisconsin, l'Iowa et le Nevada.

"Cela se joue à trois fois rien. C'est extrêmement serré mais les choses semblent plus favorables à Obama", estime Julia Clark, de l'institut Ipsos. "Le vote populaire va vraiment se jouer à un cheveu, mais je pense que le système du collège électoral rend la réélection de Barack Obama plus probable."

Si Barack Obama peut se permettre de perdre l'Ohio, Mitt Romney aura du mal à compenser ailleurs une éventuelle défaite dans le plus disputé des Etats.

Du résultat de l'élection de mardi dépendront les futures orientations de politiques intérieures et étrangères, de l'imminence du "mur budgétaire" avec des coupes dans les dépenses et des hausses d'impôts à la question de l'immigration illégale ou du dossier nucléaire iranien.

L'équilibre du Congrès sera également en jeu mardi, avec le renouvellement d'un tiers des sièges du Sénat, que les démocrates devraient désormais occuper majoritairement. Les républicains devraient, eux, garder le contrôle de la Chambre des représentants.

(1) Le président des Etats-Unis est élu au suffrage indirect par un collège électoral de 538 grands électeurs élus Etat par Etat, en fonction notamment de leur démographie (de trois grands électeurs par exemple dans le Montana, le Wyoming, les deux Dakota, l'Alaska, le Delaware, le Vermont et le district fédéral de Washington à 55 en Californie).

RENVOI

Pour retrouver LE POINT sur la campagne présidentielle aux Etats-Unis, double-cliquer sur (Avec Jeff Mason dans le New Hamsphire et Patricia Zengerle dans l'Iowa, Pierre Sérisier, Agathe Machecourt et Guy Kerivel pour le service français)