Istanbul (awp/afp) - Le taux d'inflation en Turquie a atteint 25,24% en octobre sur un an, en hausse de 0,7 point par rapport à septembre, selon les chiffres officiels publiés lundi, poursuivant son inexorable hausse sur fond de fragilisation de l'économie turque.

Les secteurs les plus affectés sont notamment l'ameublement et l'équipement ménager (+37,92% sur un an), les transports (+32%) et l'alimentation (+29,26%), d'après les données publiées par l'Office national des statistiques (Tüik).

Après la publication de ces chiffres, légèrement au-dessus des prévisions des économistes, le dollar s'est quelque peu renforcé face à la livre turque, s'échangeant à 5,45 (+0,5%).

Le mois dernier, l'annonce du taux d'inflation en septembre sur un an à 24,52%, une hausse de 6,3% par rapport au mois précédent, avait provoqué une onde de choc sur les marchés et envoyé la livre turque par le fond.

L'économie turque est fragilisée par l'effondrement ces derniers mois de sa devise, sur fond de défiance des marchés envers la politique économique de M. Erdogan et de fortes tensions entre Ankara et Washington.

Depuis le début de l'année, la livre turque a perdu près d'un tiers de sa valeur face au dollar.

Signe de la gravité de la situation, la Banque centrale turque a procédé en septembre à une hausse massive de son principal taux d'intérêt (625 points de base à 24%).

Cette décision avait quelque peu rassuré les marchés, qui craignaient que la Banque centrale ne se plie aux exigences du président Recep Tayyip Erdogan, ennemi autoproclamé des taux d'intérêt élevés.

Normalisation attendue

S'exprimant sur la chaîne de télévision A Haber vendredi, le ministre turc des Finances, Berat Albayrak, a déclaré que l'évolution des prix devrait se "normaliser" à partir de novembre et décembre.

Selon Inan Demir, économiste chez Nomura International, la campagne anti-inflation menée par le gouvernement et qui repose sur des réductions de prix volontaires par certaines entreprises "ne semble pas avoir eu un impact majeur sur l'inflation bien que de nombreuses entreprises semblent y avoir participé".

"Il vaut mieux compter sur la politique monétaire que sur des mesures administratives pour lutter contre l'inflation", poursuit-il dans une note.

Il indique toutefois ne pas s'attendre à une hausse des taux d'intérêt en décembre, la Banque centrale réagissant bien plus à la pression des taux de change qu'aux chiffres de l'inflation.

Fin octobre, la Banque centrale avait révisé à la hausse ses prévisions d'inflation pour la fin de l'année, de 13,4% à 23,5%.

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