Istanbul (awp/afp) - La gouverneure de la Banque centrale de Turquie, Hafize Gaye Erkan, en poste depuis moins d'un an, a annoncé vendredi sa démission dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux, à la suite d'un scandale impliquant sa famille.

La banquière est accusée par plusieurs médias turcs d'avoir accordé des avantages à sa famille au sein de l'institution, ce qu'elle nie.

Elle explique dans le communiqué avoir demandé au président Recep Tayyip Erdogan d'être "libérée de (ses) fonctions, qu'elle a remplies avec honneur depuis le premier jour".

La gouverneure âgée de 44 ans, première femme à ce poste et réputée pour son expertise aux Etats-Unis, avait pris ses fonctions début juin après la réélection du président Erdogan.

Elle est notamment accusée d'avoir permis à son père de prendre en toute illégalité des décisions au sein de la banque centrale.

Un bureau, une voiture de fonction et des gardes de corps auraient été accordés au père de la gouverneure, Erol Erkan aux ordres duquel "personne n'ose s'opposer", ont également rapporté les journaux turcs.

Selon des observateurs, elle se serait attiré les foudres du président Erdogan lorsqu'elle a raconté en décembre à un quotidien turc qu'elle était contrainte de retourner vivre chez ses parents, avec ses enfants et son mari, à cause de l'inflation et de la flambée de l'immobilier en Turquie.

"Une campagne visant à ruiner ma réputation a été organisée contre moi", souligne-t-elle dans le communiqué. Elle ajoute avoir pris la décision de démissionner "pour protéger (sa) famille et (son) bébé innocent, âgé de moins de 18 mois".

Les attaques visant la banquière, très appréciée des milieux économiques, inquiètent les investisseurs et soulèvent la question sur le long terme de la loyauté du chef de l'Etat à l'égard de ses collaborateurs.

Mme Erkan vivait depuis deux décennies aux Etats-Unis où elle a étudié avant de prendre ses fonctions à Ankara au sein d'une équipe d'économistes respectés, formés notamment à Wall Street, chargés de sortir la Turquie de la crise où l'inflation a atteint près de 65% en 2023.

afp/rp